L'association de défense de l'appellation d'origine protégée (AOP) « Camembert de Normandie » a assigné Lactalis, Bongrain et Isigny-Sainte-Mère en justice afin qu'ils retirent de leurs fromages non AOP la mention « fabriqué en Normandie », a indiqué mardi son avocate.
« L'objet est de faire retirer de la vente et de faire retirer des emballages les mentions “Fabriqué en Normandie” sur des camemberts qui ne sont pas des AOC », a indiqué l'avocate de l'association, Me Johanna Azincourt. « Cette mention est illégale » pour des non-AOC, a ajouté Patrick Mercier, président de l'association. Les assignations ont été déposées au civil jeudi et vendredi devant des tribunaux de Rennes, Caen et Colmar, a précisé l'avocate.
Sont visés, outre les trois industriels, des enseignes commercialisant en marque de distributeur des camemberts fabriqués en Normandie mais ne répondant pas à l'AOP : Intermarché, Leclerc, Monoprix, Lidl, et les enseignes U.
Selon Me Azincourt, cette pratique existe depuis plusieurs années. « Il y a eu à un moment une tolérance par la loi qui a été supprimée en 2008, [mais] en fait cette pratique a continué ».
L'AOP exige notamment une fabrication au lait cru moulé à la louche, issu de vaches normandes et réalisée dans des zones géographiques répertoriées. Les camemberts non AOP sont vendus parfois presque deux fois moins chers que ceux qui respectent ce strict cahier des charges, a précisé l'avocate.
Depuis 2009, le logo européen AOP est obligatoire sur les emballages de tous les produits bénéficiant du logo AOC français qui ont rejoint la famille des AOP européennes.
L'AOP « Camembert de Normandie » regroupe neuf producteurs de fromages et 500 producteurs de lait. Seuls 5 % des camemberts, contre 10 à 15 % dans les années 2007-08, sont aujourd'hui fabriqués dans le cadre de cette AOP, soit 4.300 tonnes de camemberts.
Une porte-parole du groupe Bongrain a confirmé qu'il y avait une assignation, sans plus de commentaire. « Je trouve désolant que les fabricants d'une même région arrivent à des choses comme ça », a pour sa part estimé Claude Granjon, directeur de la coopérative Isigny-Sainte-Mère, basée à Isigny-sur-Mer (Calvados).