« Associer les promesses du marché mondial [des produits laitiers, NDLR] aux souhaits de développement de nos associés coopérateurs », cette phrase de Dominique Chargé résume bien la teneur des débats qui ont eu lieu ce jeudi à Paris lors de l'assemblée générale de la Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL), qu'il préside. Et si les coopératives sont prêtes à mordre à pleines dents dans les perspectives que leur offre l'exportation vers les pays tiers, elles n'en n'oublient pas pour autant la volatilité qui caractérise ces marchés.
En dix ans, le paysage mondial a radicalement changé. « A l'époque, on pensait marché français et européen, résume Benoît Rouyer, le responsable du service de l'économie de l'interprofession (Cniel). Aujourd'hui, on voit plus grand. La France a regagné en compétitivité. Avant 2010, l'écart [de prix du lait, N.D.L.R.] entre la France et la Nouvelle-Zélande atteignait 110 à 120 €. Les exportations ne s'envisageaient pas sans restitutions. Actuellement, l'écart varie entre 10 et 40 €/1.000 l. »
Pour autant, il n'est pas question d'abandonner le marché intérieur. Si la poudre de lait infantile se vend partout, ce n'est pas le cas, par exemple, des produits sous appellation d'origine protégée (AOP). La segmentation reste toutefois une façon de conforter sa place sur le marché intérieur, et notamment pour les entreprises dont la taille ne leur permet pas de s'attaquer au marché mondial.
« Il y a différentes opportunités, poursuit Benoît Rouyer. Le marché mondial avec une exposition forte à la volatilité, et les marchés français et européens mais avec une croissance plus limitée en volume. Mais il y a la nécessité de se développer à l'exportation face à l'immobilisme des prix du marché de détail en France. »
Les exemples de coopératives qui développent leurs exportations viennent conforter ce point de vue. « Il nous faut trouver des solutions face à la volatilité, insiste Dominique Chargé. Pour accompagner nos sociétaires sur le plan de la formation pour la compréhension des marchés du lait et des intrants. Réfléchir à la mise en place d'un système assuranciel de marge dans le cadre de la Pac 2020 nous semble le plus adapté. Mais nous avons aussi besoin de construire des entreprises fortes. »