Le ministre de l'Agriculture reçoit, le mercredi 24 septembre 2014, les producteurs de légumes bretons auxquels il promet des réponses « concrètes et rapides » face à l'effondrement des cours afin d'éteindre le feu qui couve dans les campagnes.
Même si les responsables syndicaux et les représentants du monde agricole de la région ont pris leurs distances lundi soir avec les manifestants de Morlaix (Finistère), qui s'étaient attaqués la semaine dernière à la perception et au siège local de la Mutualité sociale agricole (MSA), une partie des producteurs ne semble pas près de désarmer.
Une nouvelle manifestation est convoquée mardi après-midi par la Coopérative Terres de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) dans la cité corsaire, et le patron de la FDSEA du Finistère, Thierry Merret, qui avait « tiré un coup de chapeau » aux incendiaires de Morlaix, renvoie une salve mardi matin dans les colonnes de Ouest-France : « Je suis fier, ils ont réveillé quelque chose », affirme-t-il, jugeant que « oui, il fallait en arriver là ». « Plutôt que de condamner, nous attendons de nos gouvernants un réel dialogue avec nous », ajoute-t-il.
Ce dialogue, Stéphane Le Foll affirme l'avoir gardé ouvert hors de toute contrainte ou menace, notamment depuis l'annonce de l'embargo russe au début d'août à l'encontre de l'agroalimentaire européen : conjuguée à une année d'abondance pour les fruits et légumes, des pêches et nectarines aux artichauts du Léon, la sanction contribue à étouffer le marché et effondrer les cours.
« La déstabilisation des marchés a commencé », a noté mardi matin le ministre sur France Inter, qui nie agir sous la pression des manifestants et la colère dans les champs du Léon. « Je ne peux entendre qu'il faut mettre le feu pour se faire entendre », a-t-il martelé, assurant que la réunion au ministère avec les producteurs de la Bretagne était prévue « depuis le 22 août » dans le cadre de la gestion des conséquences de l'embargo russe.
Message d'apaisement
Les responsables des coopératives maraîchères de Saint-Pol de Léon (Finistère), de Saint-Malo et de l'Union des coopératives de Paimpol et Tréguier (Côtes-d'Armor) sont attendus à 9h30 mercredi au ministère de l'Agriculture. « On va proposer des choses pour les exploitations en difficulté. Il y aura des mesures concrètes, immédiates, rapides et à la hauteur » des enjeux, a affirmé M. Le Foll. Il pourra notamment s'agir de mesures d'allégement ou de report des charges, laisse entendre son entourage. Le ministre espère aussi une nouvelle réponse, « à l'échelle européenne, pour introduire l'artichaut, le brocoli et le chou-fleur dans la liste des produits à aider ».
Jean-François Jacob, patron de la Sica de Saint-Pol de Léon (premier groupement français de producteurs de légumes), joint mardi matin par l'AFP, s'est montré méfiant. « Si c'est ce qu'on a déjà connu... », a-t-il lâché. Mais Pierrick Gauvin, président de Terres de Saint-Malo, a décelé chez le ministre un « message d'apaisement ». « On vérifiera demain si ce que le gouvernement a dans les tuyaux suffit à calmer » les producteurs, a-t-il indiqué.
L'Europe, a rappelé le ministre, a « mobilisé » le 5 septembre quelque 250 millions d'euros en faveur des producteurs en difficulté alors que le risque d'effondrement ne menace pas seulement les maraîchers, mais aussi les producteurs de fruits et de viandes porcine et bovine. « Chaque filière est organisée pour faire des demandes », a-t-il remarqué en appelant M. Jacob à lui apporter mercredi « le chèque de 353,70 euros » qu'il affirme avoir reçu, soit « 23 centimes » pour chacun de ses 1.500 cultivateurs. « Je n'ai pas trouvé trace de ce chèque. Nous, on donne ce que demande la filière », a fait valoir le ministre.
« La profession toute entière n'encourage pas à l'excès », ont souligné lundi soir la FRSEA, les Jeunes Agriculteurs et la chambre d'agriculture de la Bretagne dans un communiqué commun mettant toutefois en garde : « le ras-le-bol des agriculteurs, qui s'est exprimé, fait suite à de nombreuses alertes lancées par les représentants agricoles ces derniers mois ».