Le CGAAER (1) a publié, jeudi 17 avril, le troisième volet de sa « Controverse documentée à propos de quelques idées reçues sur l'agriculture, l'alimentation et la forêt ».
Dans cet épisode, le CGAAER revient sur l'affirmation selon laquelle « les agriculteurs portent atteinte à l'environnement », en évoquant la ressource quantitative en eau, l'influence de l'irrigation sur la gestion des ressources, les pollutions diffuses et notamment celles liées aux engrais (nitrates et phosphates) et aux pesticides, la pollution atmosphérique provoquée par les activités agricoles, les émissions de gaz à effet de serre et le réchauffement climatique, ou encore l'effet de l'agriculture industrielle sur les paysages traditionnels et la biodiversité.
Il est exact, dans certains cas, de dire que les agriculteurs mettent en danger la ressource quantitative en eau, indique le document, même si l'agriculture n'utilise qu'une faible proportion des précipitations. La production agricole est de plus en plus dépendante de l'irrigation du fait du réchauffement climatique, « mais nous disposons globalement de marges de manœuvre importantes pour mieux gérer l'eau et satisfaire les besoins agricoles ».
Le CGAAER considère que les pollutions diffuses d'origine agricole sont un problème sérieux pour la qualité des eaux, tout en soulignant que les mesures préventives s'amplifient. Les pollutions diffuses agricoles par les engrais et les pesticides sont une réalité, reconnaissent les auteurs, soulignant que leur réduction est une priorité : l'excédent azoté baisse régulièrement, les usages excessifs de phosphates ont fortement diminué, mais les améliorations sont plus lentes pour les pesticides, assume le CGAAER.
Sur la contribution des activités agricoles dans la pollution atmosphérique, phénomène récemment à la une de l'actualité faisant suite aux pics de particules fines enregistrés partout en France le mois dernier et particulièrement en Ile-de-France, le CGAAER indique que la documentation est pour l'instant peu fournie. Il souligne aussi la faiblesse de la réglementation en la matière. Même constat peu ou prou en ce qui concerne la pollution de l'air par les pesticides : « Elle mérite d'être mieux documentée. »
Si l'agriculture contribue au réchauffement climatique, il faut tout de même préciser qu'elle « est aussi, avec la forêt, un important puits de carbone », prévient le document. Car si l'agriculture et la forêt produisent des GES, elles en absorbent également. Quant à l'élevage, il est « responsable de moins de 10 % des émissions de GES en France ».
Les auteurs de ce troisième volet de la controverse ont aussi passé à la loupe les atteintes portées aux paysages traditionnels et à la biodiversité par l'agriculture spécialisée et intensive : si c'était « parfois exact hier », ça l'est « moins aujourd'hui », constatent-ils. « En cause d'abord, la mécanisation et le remembrement qui ont fortement diminué les haies, boqueteaux, talus, qui constituaient autant de réserves de biodiversité. En cause également la spécialisation des territoires, qui conduit à des assolements simplifiés et parfois à la monoculture. En cause enfin, le recours excessif aux produits phytosanitaires, utilisés à doses importantes. »
En conclusion, le CGAAER introduit la notion d'agroécologie chère à Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement 2 de l'ère Hollande, comme une des solutions qui doit permettre à l'agriculture de remplir son contrat écologique, tout en maintenant ses performances économiques (la compétitivité, NDLR).
« Cette politique vise à améliorer la performance économique, non seulement en préservant la biodiversité mais en s'appuyant sur elle. La performance économique et la performance écologique ne doivent pas être antinomiques. Cette agriculture “agroécologique”, aujourd'hui encouragée en France, qui se veut économiquement et écologiquement performante, s'appuie sur des pratiques culturales qui enrichissent les sols en matière organique, préservent les insectes pollinisateurs, offrent des abris aux “amis des cultures”, alternent les productions et permettent de réduire les utilisations de produits phytosanitaires », détaillent les auteurs.
D'ailleurs, des indicateurs « mesurent l'impact de ce « verdissement » de la politique agricole », précisent-ils, en glissant un mot pour l'agriculture biologique qui a « progressé de 350.000 ha à 1 million d'hectares entre 2000 et 2012.
« On ne peut pas nier aujourd'hui que certaines pratiques agricoles ont porté atteinte à l'environnement. Mais ces atteintes sont rarement irréversibles sous nos climats tempérés et on observe une réelle prise de conscience parmi les agriculteurs que performance économique et performance écologique sont liées », rassure le CGAAER. Il met en garde cependant contre la grande inertie des milieux naturels.
Si les progrès en matière d'écologie sont faits pour s'inscrire dans le long terme, explique le CGAAER, « l'évolution des pratiques qui est engagée ainsi que les nouvelles dynamiques politiques, de recherche et de développement conduiront à rendre de moins en moins fondée l'idée reçue de l'agriculture destructrice de l'environnement ».
Retrouvez les deux précédentes controverses :
- « Nous ne pourrons pas nourrir le monde en 2050 » (février 2014)
- « La Pac coûte trop cher, elle doit tourner le dos au productivisme » (mars 2014)
Les deux dernières controverses abordent les affirmations selon lesquelles « on mangeait mieux avant » (mai) et « les forêts disparaissent [car], elles sont trop exploitées » (juin).
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(1) Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux.
eau mise au point
vendredi 18 avril 2014 - 19h46
on accuse l'agriculture de consommer beaucoup d'eau avec l'irrigation. sur 100m3 consommés en Ile de France, l'agriculture (toutes activités confondues), en consomme 10 ! la raffinerie de Grandpuits, 10. les 80 rezstant par le reste de l'industrie et la population francilienne. alors STOP les sottises. et si penurie d'eau, il y a parfois, il faut chercher les coupables et non des boucs émissaires.