Des affrontements ont opposé vendredi à Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne) des gendarmes à des militants de la Coordination rurale (CR), faisant quatre blessés légers, deux gendarmes et deux manifestants, a-t-on appris auprès de la gendarmerie et du syndicat agricole.
Plusieurs dizaines de membres de la CR s'étaient réunis pour organiser une contre-manifestation sur le chantier de l'extension du lycée agricole de Sainte-Livrade-sur-Lot. Ils entendaient s'opposer à une vingtaine de militants écologistes regroupés sur place pour dénoncer la destruction de deux cèdres centenaires prévue dans le cadre de ce chantier.
A leur arrivée au lycée agricole, les agriculteurs, favorables à ce chantier, se sont heurtés aux forces de l'ordre qui ont dû faire usage de gaz lacrymogènes pour disperser la manifestation. Ces affrontements entre les forces de l'ordre et la Coordination rurale intervient quatre jours après le blocage de la ville d'Agen.
Le préfet du Lot-et-Garonne, Denis Conus, avait interdit l'accès de la ville à tous les engins agricoles vendredi, par crainte d'une nouvelle manifestation de la CR, qui avait provoqué d'importants dégâts le 6 octobre. Le palais des congrès d'Agen accueillait vendredi une réunion d'information des élus locaux par l'agence de l'eau Adour-Garonne, impliquée notamment dans la gestion de la directive « nitrates ».
« On nous empêche de nous rendre à Agen, alors nous sommes venus à Sainte-Livrade-sur-Lot. [...] Nous en avons marre des écolos qui nous empêchent de travailler avec la directive nitrates et toutes les normes environnementales qui polluent notre quotidien », a expliqué à l'AFP Sylvie Girard, vice-présidente de la chambre d'agriculture et membre de la Coordination rurale, qui détient aussi la présidence de la chambre agriculture depuis 2001.
La préfecture, les pompiers et la Direction départementale des territoires (ex-Direction de l'équipement et de l'agriculture) ont porté plainte après les dégâts subis lors de la manifestation du 6 octobre, a indiqué le Parquet à l'AFP.
Manifestation d'Agen : évalutation des dégâts en cours
Des enquêtes sont en cours et pourraient déboucher d'ici quelques semaines sur des poursuites, notamment pour dégradation de biens publics ou menace envers des personnes dépositaires de l'ordre public, a-t-on indiqué de source policière. Le coût des dégâts occasionnés par ces troubles (routes défoncées, espaces verts saccagés) est en cours d'évaluation mais s'élèverait au total à plusieurs centaines de milliers d'euros.
Ainsi, le conseil général estime à 100.000 euros la seule destruction de la chaussée d'un rond-point, tandis que la préfecture évalue à 25.000 euros les dégâts subis par ses bâtiments et ceux de la Direction départementale des territoires. « Ce montant n'est qu'une infime partie du coût total des dégâts réels » qui doivent être chiffrés avec plus de précision par la ville d'Agen, souligne la préfecture.
La municipalité indique de son côté attendre de réunir tous les éléments pour ce chiffrage ainsi que le retour du maire, actuellement en voyage en Inde. « Il y aura une délibération collective pour savoir si nous portons plainte. Personnellement, je n'y suis pas favorable, afin d'apaiser les esprits », a déclaré Bernard Lusset, adjoint au maire d'Agen. « Par contre, je pense que nous devons demander une réparation de la part des manifestants, reste à en déterminer la forme », ajoute-t-il.