Deutsche Bank a décidé de proposer de nouveau des produits financiers sur des matières premières agricoles, estimant, études à l'appui, que ces activités ne sont pas responsables de la hausse des prix alimentaires dans le monde.
« Deutsche Bank a décidé dans l'intérêt de ses clients de continuer à proposer des instruments financiers sur les produits agricoles », selon une déclaration rendue publique ce week-end à l'occasion du Salon de l'agriculture de Berlin, la « Grüne Woche ».
En mars 2012, la première banque allemande avait suspendu le lancement de nouveaux produits boursiers sur des denrées alimentaires de base, face au vif débat en Allemagne sur un éventuel lien entre ces produits financiers et la faim dans le monde.
Mais « après un large examen et l'évaluation de nombreuses enquêtes », la banque a conclu qu'il n'y avait « quasi aucune preuve empirique pour affirmer que l'importance grandissante des produits financiers agricoles soit responsable de hausses de prix ou de fluctuations de prix accrues ».
Au contraire, affirme la banque, les études ont démontré que les produits dérivés agricoles présentaient « de nombreux avantages » pour la filière alimentaire, par exemple en protégeant les exploitants des variations de prix et en leur donnant ainsi davantage de sécurité pour investir.
A ses yeux, l'augmentation des prix alimentaires s'explique plutôt par la hausse de la demande mondiale résultant de la croissance de la population et des revenus dans les pays émergents, alors que la production est limitée à cause de la sécheresse, du changement climatique et de moyens de production insuffisants.
Foodwatch, une ONG allemande militant contre la spéculation dans le secteur agricole, a promptement réagi sur son site internet, jugeant que Deutsche Bank avait pris « une décision irresponsable ».
« Il y a assez de preuves scientifiques vérifiées » montrant que « des produits financiers hautement spéculatifs [...] peuvent rendre des denrées alimentaires inaccessibles dans les pays les plus pauvres », a affirmé Foodwatch.
Sous la pression de l'opinion publique allemande, plusieurs banques du pays ont renoncé l'an dernier à leurs activités sur les marchés agricoles, comme Commerzbank, DekaBank ou LBBW. Il s'agissait toutefois pour elles d'activités marginales.