Les 29 et 30 septembre 2010, les acteurs de la filière du biogaz se sont réunis à la conférence Biogaz Europe, à Lyon. Une trentaine d'intervenants ont échangé sur le thème « ouvrir la voie au développement du biogaz en France ». Tous s'accordent à dire que l'un des principaux gisements pour la méthanisation se situe dans les exploitations agricoles.
Contrairement à ce que déclaraient certains responsables de l'Administration il y a deux ans, les unités à la ferme ont toute leur place dans le maillage du territoire.
Treize méthaniseurs agricoles étaient recensés en 2008. La France en compte aujourd'hui 24. Un résultat encourageant qu'il faut nuancer : sans les subventions (Ademe, collectivités territoriales, plan de performance énergétique...), ces projets ne seraient pas suffisamment rentables. Pourtant, les intérêts de la méthanisation sont multiples.
Comme l'a résumé Caroline Marchais, déléguée du Club Biogaz (1), produire du biogaz permet l'accès à une énergie propre, valorisable sous forme d'électricité, de chaleur, de gaz ou de carburant, le tout en traitant des déchets locaux. S'ajoutent les bénéfices financiers pour les producteurs et un développement rural.
La filière plaide pour une hausse des tarifs
S'appuyant sur ces atouts, les membres de la filière promeuvent une hausse des tarifs de l'énergie issue du biogaz (aujourd'hui, ils plafonnent à 0,147 €/kWh électrique). Le Club Biogaz publiera prochainement ses propositions tarifaires.
Sans donner de chiffres, Caroline Marchais a indiqué que le Club se prononcera en faveur d'une prime d'efficacité énergétique et de primes pour les producteurs incorporant des effluents d'élevage et des cultures intermédiaires à vocation énergétique dans les digesteurs.
Selon Jean-Marc Onno, trésorier de l'Association des agriculteurs méthaniseurs de France, une réévaluation de 5 à 8 centimes d'euro du kWh sera nécessaire.
En plus de réduire les temps de retour sur investissement, cette augmentation compenserait la baisse des recettes liée au traitement des déchets industriels. En effet, la progression du nombre d'unités engendrera une concurrence accrue entre les producteurs pour s'approprier des substrats. Les industriels leur accorderaient donc de moindres indemnités.
Tirer les leçons des autres filières européennes
Parmi les autres défis que la méthanisation française devra relever figure l'utilisation du digestat. L'Afnor (Association française de normalisation) procède à sa normalisation. Ces travaux, qui permettraient de faciliter sa valorisation, devraient aboutir dans deux ou trois ans.
Des allègements réglementaires et administratifs ainsi que des connexions facilitées au réseau seront aussi nécessaires pour développer la production de biogaz dans l'Hexagone. C'est là que le retard français par rapport à ses voisins, notamment allemands, pourrait devenir un point fort. Charge aux décideurs de s'inspirer des filières européennes tout en évitant leurs écueils.
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(1) : Le Club Biogaz rassemble les principaux acteurs français concernés par le biogaz.