Dennis Van Engelsdorp, le coordinateur du groupe de travail sur le syndrome d'effondrement des colonies aux Etats-Unis, est actuellement de passage en France pour faire le point sur les mortalités d'abeilles avec d'autres chercheurs européens.
Ses propos tranchent avec le discours franco-français sur la responsabilité des insecticides utilisés en agriculture: «Nous avons dressé une hiérarchie dans les causes de mortalités d'abeilles et nous y plaçons les produits phytosanitaires agricoles en quatrième, voire en cinquième position», a-t-il déclaré mardi aux assises du Réseau Biodiversité pour les abeilles à Reims (www.jacheres-apicoles.fr ) et mercredi, lors d'une conférence de presse à l'Assemblée nationale.
«Des laboratoires ont recherché et quantifié 240 produits, y compris l'imidaclopride et le fipronil, sans résultats significatifs, a-t-il ajouté. De même, des essais avec du maïs OGM Bt ont démontré qu'il est sans rapport avec les mortalités d'abeilles».
Pour Dennis Van Engelsdorp et les équipes qui travaillent sur le sujet, le varroa, les nouvelles pathologies et l'alimentation de l'abeille sont des pistes d'explication beaucoup plus plausibles. «Le varroa n'est pas qu'un parasite, déclare le chercheur. Lorsqu'il pique l'abeille, il lui inocule une protéine qui attaque le système immunitaire de l'insecte. Il est aussi un vecteur de maladies virales. Selon nos estimations, 70% des pertes aux USA sont dues à ce parasite. Nous portons maintenant notre attention sur les virus qui se retrouvent aussi dans la plupart des colonies victimes du syndrome d'effondrement.»
Hasard du calendrier, les exposés de Dennis Van Engelsdorp tombent quelques jours après la publication sur le site de l'Afssa (www.afssa.fr ) des résultats de «l'étude prospective multifactorielle» menée entre 2002 et 2005 sur 120 colonies d'abeilles et 24 ruchers répartis sur le territoire français. Au chapitre des résultats, l'équipe de l'Afssa mentionne entre autres les points suivants: aucune origine toxique agricole n'a pu être attribuée aux mortalités d'abeilles constatées ; la varroase, la nosémose et les maladies du couvain, alliées à une gestion sanitaire déficiente ont été les caractéristiques communes de toutes les mortalités observées.
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