La Confédération paysanne réagit lundi à l'inscription au JO du 25 juillet de 38 nouvelles variétés de maïs génétiquement modifiées pour une durée de dix ans. Deux sont résistantes à l'herbicide glufosinate d'ammonium (maïs T25), les autres étant résistantes à la pyrale (maïs MON 810).
« La culture des variétés insecticides MON 810 reste certes toujours interdite dans notre pays : pour combien de temps sachant que la Commission européenne peut du jour au lendemain mettre fin au moratoire en répondant favorablement à la demande de renouvellement de l'autorisation déposée par Monsanto ? » se demande la Confédération paysanne. Et de poursuivre : « les entreprises semencières Monsanto, Pionner, KWS, Limagrain et Maïsadour qui ont obtenu leur inscription peuvent vendre désormais les semences dans tous les pays qui autorisent leur culture. »
Le syndicat explique aussi que la culture des maïs T25 tolérant l'herbicide total glufosinate d'ammonium est par contre immédiatement possible. Autorisée en Europe depuis 1998 et jusqu'à ce qu'une réponse soit faite à la demande de renouvellement de cette autorisation, elle n'a fait l'objet d'aucun moratoire parce qu'aucune entreprise semencière n'avait jusqu'alors demandé à en commercialiser les semences. « Cette culture reste de peu d'intérêt agronomique en France tant que le glufosinate d'ammonium n'y est pas autorisé sur le maïs, mais cette autorisation peut arriver d'un jour à l'autre. De plus, la multiplication de semences destinées à l'exportation peut très bien être réalisée sans cet herbicide et démarrer dès les prochains semis », détaille la Confédération paysanne. Elle dénonce les « manœuvres du ministre de l'Agriculture qui se plie aux désirs de l'industrie des semences pour mettre fin en cachette au moratoire sur les cultures OGM en pleine trêve estivale. »
Geenpeace rejoint la réaction de la Confédération paysanne : « Si une société décide de planter cet OGM demain, elle en a le droit alors même qu'aucune réglementation de coexistence n'est en place aujourd'hui. Cela serait une catastrophe ! » L'association environnementale demande le retrait immédiat du maïs OGM T25 du catalogue ainsi que l'adoption par la France d'une clause de sauvegarde sur cet OGM. »
Le ministère de l'Agriculture a expliqué que cette autorisation ne concernait « que la commercialisation du maïs T25 et non sa mise en culture ». « Ce n'est qu'une autorisation de commercialisation pour dix ans, pas de culture. En aucun cas cette variété ne pourra être cultivée en France », a insisté un porte-parole.
La France a déclenché en janvier 2008 auprès de Bruxelles la « clause de sauvegarde » qui permet à tout Etat membre de l'Union européenne de suspendre la culture d'un organisme génétiquement modifié.
Selon le ministère, qui dément toute volonté d'agir au creux de l'été, c'est « le Conseil d'Etat, saisi en 2004 par les entreprises commercialisantes, qui a imposé en octobre 2009 cette réinscription du maïs T25, arguant que le ministère n'avait pas motivé son refus » précédemment.