Les Etats-Unis sont «très inquiets» par la décision de la France de suspendre la culture du maïs génétiquement modifié Mon 810, a affirmé la représentante américaine au Commerce Susan Schwab, lundi à Bruxelles, à la suite d'une rencontre avec le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson.
«Nous sommes très inquiets de voir que des gouvernements prennent des décisions non scientifiques pour interdire des produits, plutôt que de donner aux consommateurs la possibilité de choisir», a-t-elle déclaré lors d'un point de presse.
Cette variété de maïs «a été cultivée et consommée sans danger», a-t-elle estimé. «La grande majorité des scientifiques consultés, y compris en France, ont réaffirmé que le maïs OGM est sans danger».
La France a annoncé le 11 janvier avoir décidé de déclencher la procédure de suspension de la culture du Mon 810, en activant la «clause de sauvegarde» auprès de l'Union européenne, suivant le «principe de précaution» et sur fond de polémiques croissantes autour des OGM.
Interrogée sur la procédure engagée par les Etats-Unis contre l'UE sur les OGM devant l'OMC, Susan Schwab a par ailleurs critiqué la résistance des Européens aux organismes génétiquement modifiés.
«Nous avons tous une responsabilité en ce qui concerne la santé et la sécurité de nos citoyens, et clairement c'est la première priorité pour nous. Mais dans le cas des biotechnologies, il y a une évidence scientifique claire qu'elles ne sont pas mauvaises», a-t-elle dit.
Les Etats-Unis ont suspendu temporairement la semaine dernière leur procédure à l'OMC, alors que le délai imparti aux Européens pour respecter les décisions de l'OMC était écoulé.
En février 2006, un panel d'arbitrage de l'OMC avait estimé que l'embargo de fait prononcé par l'UE contre les OGM n'était pas compatible avec les règles du commerce international.
La représentante américaine au Commerce a par ailleurs mis en garde l'Europe contre l'utilisation des questions environnementales pour justifier des mesures protectionnistes.
«Nous avons été consternés par une série de propositions dans lesquelles nous voyons le climat ou l'environnement être utilisés comme excuse pour fermer des marchés», a-t-elle dit.
En retour, Peter Mandelson a fait valoir que certains aspects de la politique environnementale américaine préoccupent l'Union européenne, notamment en ce qui concerne les subventions publiques à l'industrie des biocarburants.
«Il est probable que nous recevions une plainte des industriels européens et nous allons à coup sûr enquêter et prendre toute mesure nécessaire (...) si nous pensons que la plainte est justifiée», a-t-il mis en garde.