Le ministre français de l'Agriculture, Michel Barnier, a réaffirmé mercredi que la France était pour un «accord équilibré» à l'Organisation mondiale du commerce, en s'interrogeant sur le rôle de l'OMC dans le domaine agricole.
«Il fallait un accord équilibré», a dit M. Barnier sur RTL, après l'échec des négociations de Genève. Il a critiqué le refus des grands pays émergents de faire selon lui les «efforts» nécessaires.
«L'Union européenne a fait de très grands efforts, nous étions prêts à diminuer les droits aux produits qui rentrent en Europe de 54%, à supprimer nos soutien aux exportations à condition que les autres fassent la même chose», a souligné le ministre.
«La clé, c'est la réciprocité non pas à l'égard des pays les plus pauvres (...) mais des pays émergents» a-t-il ajouté, estimant que «cet accord au point où il était hier n'était pas réellement global et réciproque».
Les négociations engagées à Genève pour tenter de trouver un accord dans le cadre de l'OMC ont échoué mardi faute d'accord entre pays riches et certains pays en développement sur l'agriculture.
Nicolas Sarkozy «a suivi cette négociation depuis le début non pas pour freiner ou empêcher mais seulement pour demander un équilibre», a assuré M. Barnier, interrogé sur les critiques émises par le président français à l'égard du Commissaire européen Peter Mandelson.
M. Sarkozy avait notamment accusé M. Mandelson d'être prêt à sacrifier la production agricole «sur l'autel du libéralisme mondial». M. Barnier s'est aussi demandé si l'OMC était la meilleure enceinte pour discuter des questions agricoles.
«Est-ce que l'agriculture et l'alimentation, c'est seulement à l'OMC qu'il faut en discuter. Est-ce qu'il n y a pas d'autres enceintes où on peut discuter de ce lien entre agriculture et alimentation pour le développement, contre la faim et pour la reconstruction des pays agricoles les plus pauvres», a-t-il dit.
Le ministre a estimé que «les pays les plus pauvres ont progressivement été oubliés».
La nouvelle donne est que «de grands pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil sont capables de tenir tête aux Etas-Unis et à l'Europe», a encore souligné M. Barnier.
Dans un entretien au journal Le Monde daté du 31 juillet, Michel Barnier explique que «la leçon que l'on peut en tirer, c'est que les produits agricoles ne sont pas des biens comme les autres. C'est un actif stratégique. Il est normal d'en parler à l'OMC, mais aussi en mettant autour de la table l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture [FAO], le Fonds monétaire international, ou la Banque mondiale. C'est ainsi qu'on soutiendra des projets agricoles régionaux dans les pays en développement. L'agriculture de ces pays ne pourra pas être reconstruite uniquement grâce au libre-échange».