Le commissaire européen au commerce, Peter Mandelson, négociateur de l'UE à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), estime que l'échec des négociations à Genève est «un échec collectif», dans une interview au journal Le Monde daté du 31 juillet.
«Les négociations ont vraiment buté sur les questions agricoles. Les Etats-Unis souhaitaient récupérer sur le seul pilier agricole le moindre dollar de réduction des subventions versées à leurs agriculteurs, explique-t-il. L'Union européenne a fait absolument tout ce qu'elle pouvait pour réconcilier les différents points de vue et trouver un compromis. Nous n'avons jamais cherché à compenser la réforme des aides agricoles en obtenant un accès plus facile au marché agricole dans les pays en développement. Pour nous, les bénéfices de ce cycle devaient être trouvés dans le domaine industriel et les services, sur les marchés développés et émergents très dynamiques».
«Nous acceptions le principe d'un cycle en faveur du développement, avec les inconvénients inhérents pour les pays riches, poursuit Peter Mandelson. Car la mondialisation doit être équitable pour être durable. Cela n'a pas toujours été facile pour moi de le faire comprendre "à la maison", mais c'est la base sur laquelle nous avons continué à négocier».
Selon lui, «les pays en développement ont notamment raté l'opportunité d'obtenir la garantie de réformes agricoles dans les pays développés».
Interrogé sur le fait de savoir si les divisions au sein du camp européen l'ont affaibli, le commissaire répond: «cela n'a pas affaibli ma position car nous avons bénéficié du soutien d'une large majorité d'Etats membres». «Sur vingt-sept pays, dix-neuf nous ont accordé un soutien sans ambiguïté, d'autres ont émis des doutes, explique-t-il. Et rares sont ceux qui étaient opposés à notre approche. Le compromis sur la table était aussi équilibré que possible dans les circonstances présentes, c'est-à-dire ni parfait ni merveilleux».