«C’est le marchandage de l’agriculture qui a été évité», se réjouissent la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) après l'échec mardi soir des négociations de l'OMC.
«La réciprocité n’était pas au rendez vous, ni sur l’agriculture, ni sur l’industrie et les services. C’est la souveraineté alimentaire et la place des agricultures dans nos économies et nos sociétés qui sont en jeu», estime la FNSEA. «Cet échec prouve que la question de la sécurité alimentaire ne pourra être résolue par la seule approche commerciale», renchérit JA.
La Coordination rurale (CR) se félicite également de ce sursis octroyé aux agriculteurs pour la dérégulation des marchés agricoles. «L'UE garde sa liberté pour réformer de manière positive sa PAC», espère également le syndicat.
Une bonne nouvelle aussi pour la Confédération paysanne, pour qui brader l’agriculture au bénéfice des échanges commerciaux, des biens et des services aurait été inacceptable. Elle réaffirme la nécessité pour toute politique agricole de se doter d’outils de protection des frontières. «Un bilan sur les conséquences d’une ouverture non régulée des frontières doit être fait», précise le syndicat.
«Les gouvernants mondiaux doivent comprendre l’urgence de fixer des règles internationales au service de la production, des producteurs, ainsi que des consommateurs, plutôt que de répondre aux exigences du commerce et des spéculateurs», avertit la Confédération paysanne.
«Il reste donc à l’OMC à se réformer en profondeur en abandonnant l’illusion d’une organisation commerciale du monde pour aller vers une planète organisée sur les bases d’un développement équitable et durable», conclue la CR.
Pour tous, l'agriculture doit bénéficier d'une approche spécifique. Dans ce cadre, JA propose de créer une OMA (organisation mondiale de l'agriculture) qui soit «habilitée à édicter des principes de régulation et d'organisation pour un commerce agricole respectant les spécificités de l'agriculture, tout en permettant aux paysans du monde de vivre de leur travail et d'assurer la sécurité d'approvisionnement de leur pays».
Pour le Modef, «plus que jamais, il est urgent de sortir l’agriculture et l’alimentation de l’OMC pour revenir à une coopération entre pays. La FAO est légitime pour être le maître d’œuvre d’une nouvelle organisation mondiale de l’alimentation et des échanges».
Le syndicat estime que Nicolas Sarkozy peut, en tant que président en exercice de l’UE, «apporter aide et soutien à la FAO». «Encore faudrait-il qu’il en ait la volonté!», commente le Modef.
Pour Orama, l'union des grandes cultures qui réunit l'AGPB (producteurs de blé), l'AGPM (maïs) et la Fop (oléoprotéagineux), l'échec intervenu dans les négociations de l’OMC est «porteur d’enseignements pour tous ceux qui - Etats, Banque mondiale, FMI, OCDE, direction de l’OMC, Commission européenne - veulent voir l’économie agricole suivre la voie d’un libéralisme sans nuances ou presque».
«Il leur a été réaffirmé avec fracas que les marchés ne peuvent gouverner seuls l’évolution de l’agriculture», explique Orama.
De son côté, la Confédération française de l'aviculture (CFA) a estimé que l'échec des négociations était un «soulagement», jugeant «désastreuses» pour le secteur de la volaille les propositions contenues dans le volet agricole.
Les «contraintes de production» imposées par l'Union européenne (sécurité sanitaire, environnement) étaient «complètement ignorées» dans les négociations, alors que les éleveurs français auraient dû faire face à une ouverture du marché européen avec une baisse de 60% des droits de douane, souligne la CFA.
Elle estime que l'abandon des aides à l'exportation aurait eu «des conséquences énormes pour la production avicole française».