Des désaccords persistants sur trois sujets clés des négociations sur la libéralisation du commerce mondial jettent le doute sur la possibilité d'un accord chiffré d'ici à la fin de l'année à l'OMC, malgré la forte pression internationale.
Le directeur de l'OMC, Pascal Lamy, a reconnu lundi qu'il n'était pas en mesure de convier dès cette semaine, comme il l'avait prévu, les ministres des principaux pays membres de l'organisation pour trouver une issue au cycle de Doha.
Prenant acte des dissensions qui perdurent sur les modalités d'ouverture des marchés mondiaux, il a préféré suspendre l'échéance d'une ministérielle – désormais repoussée au 17-19 décembre – à de nouvelles consultations.
Entre risquer un nouvel échec moins de six mois après celui de la ministérielle de juillet ou renoncer à négocier d'ici à la fin de 2008 un accord réclamé récemment à Washington par les 20 plus grandes puissances économiques, M. Lamy semble pencher pour la deuxième solution.
Il est vrai que le défi lancé à la mi-novembre par le G20 était de taille, car depuis l'été, les discussions végétaient. Pascal Lamy l'a toutefois relevé, tablant sur le changement de contexte avec la crise mondiale et les craintes de replis protectionnistes.
Dès le lendemain de l'appel du G20 à conclure le cycle de Doha d'ici à Noël, des pourparlers intensifs sur les deux dossiers centraux, l'agriculture et les produits industriels, avaient repris à Genève.
Après trois semaines, deux textes de compromis chiffrés devant servir de base aux négociations au plus haut niveau avaient été diffusés samedi.
Mais l'accueil de ces documents s'est révélé plutôt froid. A l'issue d'une réunion spéciale de plus de deux heures avec Pascal Lamy, les négociateurs de l'OMC ont reconnu lundi «des désaccords importants».
Trois sujets de discorde sont ressortis: l'initiative sectorielle, le mécanisme de sauvegarde spécial ainsi que le coton. Trois sujets qui impliquent les trois même pays: l'Inde, les Etats-Unis et la Chine, considérés par beaucoup d'observateurs comme les principaux freins plus ou moins avoués à un accord.
L'initiative sectorielle, voulue notamment par Washington, porte sur l'élimination à terme des droits de douane sur 14 produits industriels, pour laquelle les grands exportateurs comme Pékin et New Delhi se montrent d'autant plus cisconspects que la base est volontaire.
Le mécanisme de sauvegarde spécial, destiné à protéger les paysans des pays en développement d'une augmentation abrupte des flux d'importation, a été à l'origine de l'échec de la réunion de juillet, en raison d'une opposition Inde/Etats-Unis.
Quant au coton, vieux contentieux entre Washington qui subventionne fortement le secteur, et les producteurs africains, le sujet n'a même pas été abordé il y a cinq mois.
«Sans avancée sur ces trois sujets, nous ne serons pas en mesure de fixer les modalités (les données chiffrées, ndlr) sur l'ensemble des textes», a résumé le directeur de l'OMC dans une lettre envoyée aux négociateurs, où il dit désormais attendre «un sérieux engagement politique» de la part des pays membres.
Les tractations devraient donc aller bon train à Genève cette semaine, laissant toutefois sceptiques nombre d'observateurs.
«Je ne vois pas ce qui peut changer en une semaine», résumait mardi une source diplomatique proche des négociations, peu confiante dans la volonté des uns et des autres de faire des concessions douloureuses au plan national en période de crise.
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