La secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, a annoncé lundi à Toulouse que la population d'ours dans les Pyrénées, qui compte actuellement de 19 à 22 individus, ne serait pas renforcée. C'est un signe d'apaisement adressé aux anti-ours, mais de nouveaux lâchers interviendront si un ours venait à disparaître, a-t-elle précisé.
« L'objectif est de conserver une population viable, c'est-à-dire qui se reproduit, sans besoin d'introduction », a-t-elle déclaré face aux membres du Comité de massif des Pyrénées.
Ainsi, une ourse sera introduite dans le Béarn, pour remplacer l'ourse Franska, tuée lors d'un accident de la circulation en 2007, mais pas avant le printemps 2011, a-t-elle indiqué.
Le secrétariat à l'Ecologie se réserve toutefois la possibilité de lâcher un ours si le taux de natalité est trop faible pour assurer la sauvegarde de l'ours brun dans le massif pyrénéen, et d'en retirer si l'un d'entre eux devient dangereux.
En misant sur une croissance naturelle des ours, en fonction des naissances, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie souhaite « l'apaisement et la sécurité ».
Chantal Jouanno avait provoqué en janvier la colère et la mobilisation des anti-ours – principalement des éleveurs qui dénoncent les attaques de troupeaux – en annonçant qu'il y aurait de nouvelles « réintroductions ».
Philippe Lacube, responsable de l'Aspap (Association pour la sauvegarde du patrimoine Ariège-Pyrénées), regrette « un plan mi-figue, mi-raisin », mais il se réjouit de l'abandon du plan ours initial qui prévoyait des lâchers systématiques.
Pendant la réunion du Comité de massif des Pyrénées, environ 200 élus, éleveurs et militants anti-ours, particulièrement ceux de l'Ariège, ont fait entendre leur voix devant la préfecture.
D'après l'Alliance écologiste indépendante, avec ce changement de politique, Chantal Jouanno « cède aux pressions des anti-ours ». L'association Ferus regrette des « mesurettes de maintien de la population existante et non de restauration d'une population viable ».
Les associations qui défendent la présence de l'ours dans les Pyrénées demandaient de porter la population à 50 ours afin d'assurer définitivement la pérennité de l'espèce dans le massif.
Mme Jouanno a convenu qu'à moins de 50 ours, la population n'était génétiquement pas viable. De six en 1995, le nombre d'ours est estimé entre 19 et 22. Au total, huit ours slovènes ont été lâchés et trois sont morts. Cette année, deux naissances ont été enregistrées, comme en 2009.