Stéphane Le Foll, député européen socialiste, milite pour une Pac refondée: une politique alimentaire, environnementale et de gestion des marchés. Il souhaite une agriculture fondée sur des performances économiques, écologiques et sociales.
«C'est au Parlement européen de prendre en charge l'intérêt européen. Il ne faut pas que les députés européens restent soumis à leur gouvernement national», a déclaré le député européen, membre de la commission agricole du Parlement européen, lors d'un déjeuner de presse sur la Pac après 2013 organisé à Paris le 10 décembre 2009. «Il ne faut pas attendre les propositions de la Commission européenne, sinon nous ne pourrons rien faire d'autre que des aménagements à la marge», a-t-il expliqué.
Stéphane Le Foll estime que le premier et le deuxième pilier actuels de la Pac sont «totalement obsolètes». Il est partisan d'un grand pilier agricole, alimentaire et environnemental, qui fusionne les premier et deuxième piliers actuels.
Sa logique: une aide de base (DPU – droits à paiement unique) destinée à compenser les handicaps naturels, ce qui nécessite une redéfinition des zones défavorisées pour avoir une agriculture présente sur l'ensemble du territoire. Deuxième axe de sa politique: le soutien des externalités positives de l'agriculture. Et de citer l'exemple de la fixation du carbone par l'agriculture.
«Les terres agricoles européennes fixent 70 millions de tonnes de carbone dans les sols par an, ce qui correspond à 30 ans de rejet de carbone en Europe. Elles ont la capacité d'en stocker 300 millions de tonnes. Il faut de 5 à 7 ans d'adaptation vers des systèmes plus économiques et valorisant le sol. C'est cette transition qu'il faut soutenir», a détaillé l'eurodéputé.
Enfin, le troisième axe de la Pac que propose Stéphane Le Foll consisterait à réguler les marchés. Pour lui, la contractualisation ne pourra pas exister sans un statut juridique européen. Quant aux marchés à terme, il est sceptique, évoquant leurs effets spéculatifs.
«Il faut un minimum de gestion des volumes des produits mis sur le marché et sanctionner ceux qui déstabilisent le marché», souligne le député. Il propose une politique après récolte et non plus avant récolte comme l'adjudication. «Il ne s'agit pas de produire pour l'intervention». Pour y parvenir, le député estime qu'il faut rendre le budget de l'Europe flexible. «Tout le monde le demande», assure-t-il.
Stéphane Le Foll doit publier ses propositions d'ici à la fin de l'année. Et il espère les faire adopter par le groupe socialiste du Parlement européen au mois de mars.