Depuis samedi, la Confédération paysanne et la coordination européenne Via Campesina, dont fait partie le syndicat français, se sont mobilisées pour obtenir des ministres européens de l'Agriculture réunis en conseil informel à Annecy, une Pac «mieux comprise par tous».
«La Pac de demain ne doit pas être aggressive vis-à-vis du monde, elle ne doit pas participer à la destruction de l'agriculture vivrière. Elle ne doit pas consommer autant d'énergie à travers des échanges qui ne sont pas nécessaires, et surtout, elle doit adapter la production au territoire», revendique René Louail, représentant du mouvement paysan européen.
A l'heure du bilan de santé de la Pac, les organisations rappellent que l'UE doit considérer qu'elle a d'abord vocation à assurer l'alimentation de sa population, avant de prétendre nourrir le monde.
«Pour avoir une politique agricole et alimentaire, nous devons faire le choix de maintenir des outils de gestion des marchés tout en abandonnant le dumping, souligne René Louail. Nous avons l`opportunité pour la première fois de parler d'avenir sans la contrainte de l'OMC ou d'un budget.»
Le syndicaliste attend de Michel Barnier «le courage politique de saisir cette opportunité et d'inverser la tendance». «Il nous a écoutés, j'espère qu'il nous a entendus», déclare René Louail.
La coordination européenne Via Campesina soutient la présidence francaise pour maintenir une Pac après 2013 et pour débattre du fond avant d`aborder les questions budgétaires.
En revanche, elle propose une position plus dure face aux pays qui ne jurent que par la libéralisation. «Pour préserver l'élevage européen en perdition, il est indispensable de maintenir les quotas laitiers et d'utiliser des protections aux frontières, affirme l'organisation syndicale. C'est moins coûteux que les aides directes et plus efficaces pour maintenir les agriculteurs sur leurs territoires.»
Le mouvement plaide également pour le plafonnement des aides. «Si Michel Barnier n'obtient pas ce plafonnement, il aura échoué aux missions qu'il s'est données», à savoir une Pac plus équitable.
La coordination européenne Via Campesina demande d`urgence la reconquête des besoins en protéines végétales. Le thème devrait faire l'objet de vifs débats d'ici à la fin de l`année sous la présidence francaise. Michel Barnier travaille actuellement à l'élaboration d'un plan en ce sens.
Dernière revendication: une aide minimale à tous les actifs agricoles européens afin d'enrayer le phénomène de disparition des paysans. «Il suffit d`une volonté politique pour y parvenir. Les citoyens seraient à nos côtés dans cette démarche», affirme René Louail.