La France et l'Italie ont prôné jeudi à Rome un maintien du budget de la Pac et une meilleure régulation des marchés pour protéger les agriculteurs de l'instabilité des prix.
Les ministres de l'Agriculture français, Bruno Le Maire, et italien, Giancarlo Galan, ont jugé « indispensable que le budget de la Pac soit à la hauteur de ses ambitions », dans un communiqué diffusé après un entretien bilatéral à Rome.
« Avec l'Allemagne et l'Italie, nous pensons qu'il faut le maintenir au minimum au niveau actuel et nous avons le sentiment qu'une majorité de pays de l'UE sont aujourd'hui sur cette ligne », a précisé M. Le Maire lors d'une conférence de presse.
Selon lui, Paris a fait « preuve d'une grande ouverture » en acceptant de « revoir le niveau de ses aides directes » aux agriculteurs français. « Leur dire que si aujourd'hui ils touchent 100 euros de l'UE, demain ce seront 90, 80 ou 70 euros pour aider les paysans polonais ou tchèques, ce n'est pas facile », a-t-il expliqué.
Les deux ministres ont abordé aussi la question de la réglementation des marchés face à l'instabilité croissante des prix des produits agricoles.
Italie et France ont décidé de créer un groupe de travail pour « préparer ensemble la présidence française du G20 » qui s'est fixé notamment comme priorité la lutte contre la volatilité excessive des prix alimentaires et agricoles.
Le ministre français a aussi rencontré à Rome le directeur général de la FAO, Jacques Diouf, car l'organisation onusienne pour l'agriculture et l'alimentation sera « évidemment associée étroitement aux travaux du G20 » sur ces questions, thèmes d'un comité de sécurité alimentaire de la FAO réuni cette semaine à Rome.
Devant le comité, M. Le Maire a expliqué qu'il proposerait au G20 « plus de coordination entre les Etats membres » avec l'établissement d'une instance spécifique, « plus de transparence sur les stocks mondiaux avec des instruments statistiques de mesure communs à tout le G20 » et « une meilleure organisation des marchés où sont échangés les produits agricoles ».
Dans un communiqué publié depuis Paris, M. Le Maire et son homologue brésilien, Guilherme Cassel, ont fait état de la présentation devant ce comité d'une contribution conjointe sur la sécurité alimentaire mondiale, portant sur trois enjeux majeurs :
- la volatilité des prix agricoles,
- les politiques foncières,
- et le changement climatique.
Par ailleurs, M. Le Maire a dit compter aussi sur la coopération de l'Italie pour l'étiquetage des produits alimentaires, qui fait l'objet d'une proposition franco-allemande déposée à Bruxelles.
« J'ai dit à Giancarlo (Galan) que ce n'est pas normal qu'un jambon soit vendu avec un petit drapeau italien en France quand il a été produit en Europe centrale ou orientale », a expliqué M. Le Maire.
L'autre problème, a-t-il souligné, c'est « l'importation (dans l'UE) de produits qui ne respectent pas les mêmes règles en termes sanitaire et environnemental ». « Je ne peux pas demander à un éleveur breton d'avoir une étable qui respecte l'environnement, de vacciner dix fois sa vache et lui aménager un espace de 5 m³ et laisser entrer (dans l'UE) des vaches jamais vaccinées élevées en batterie, etc. », a-t-il dit.
M. Galan a souligné que l'initiative franco-allemande était soutenue par des pays comme l'Italie et l'Espagne mais que « beaucoup de pays en Europe du Nord ou de l'Est ne sont pas sur cette ligne ».