Le pacte d'avenir pour la Bretagne est attendu avec scepticisme dans les milieux agricoles et agroalimentaires bretons qui ont contesté, le mardi 3 décembre 2013 à Rennes, une méthode « à la hussarde » et un « manque de concertation ».
Ce pacte, initié par l'Etat afin de trouver des solutions « pérennes » à la crise bretonne, doit être présenté ce mercredi en Conseil des ministres. Il sera signé, en présence de Jean-Marc Ayrault, Premier ministre, le 13 décembre prochain.
« Ces réunions [en préfecture] ont été des alibis permettant au gouvernement de dire qu'il y a eu concertation », a ainsi affirmé Thierry Coué, président de la FRSEA Bretagne, lors de la présentation d'un nouveau collectif, « Agri Agro Bretagne », porteur d'une série de propositions pour « un projet commun de développement régional ».
« Ces discussions ont été menées selon un calendrier à la hussarde et il n'y a pas eu de navette (entre rédacteurs du texte et participants). Ce qui fait que nous ne savons absolument pas ce qu'il y a dedans. C'est la surprise », a ironisé Malo Bouëssel du Bourg, directeur de Produit en Bretagne (PEB), qui fédère plus de 300 entreprises bretonnes, dont la moitié dans le secteur agroalimentaire.
« Une fois de plus, ça vient d'en haut, de façon descendante. C'est un peu surprenant qu'on ne fasse pas davantage confiance aux acteurs de la vie économique », a déploré Marcel Denieul, vice-président de la chambre régionale d'agriculture de la Bretagne.
Les membres du collectif ont également contesté la méthode : « Ce qu'on veut, c'est une écoute. Il faut être sérieux et, être sérieux, ça prend du temps », a ainsi estimé Hervé Vasseur, président de Nutrinoë, qui fédère les entreprises d'alimentation animale. « Trente réunions en quinze jours ! Rendons un peu aux Bretons la capacité de décider ce qui est bon pour eux », a-t-il ajouté.
« L'Etat ne doit pas être un frein, mais un soutien et un accompagnateur des entreprises », a dit Thierry Coué, considérant que, du fait du poids des fonctionnaires, le pays « n'était plus dirigé, mais administré ». « On compte d'abord sur nos forces pour développer nos territoires », a-t-il ajouté.
« Des annonces, on en a tous les six mois. Ce n'est pas en quinze jours qu'on va résoudre les problèmes qui se posent depuis dix ans à la Bretagne », a estimé Sébastien Fesnou, président des Jeunes Agriculteurs de Bretagne.
Concernant la « simplification administrative », réclamée depuis des mois, « simplification ne veut pas dire laxisme environnemental. [...] L'aspect environnemental est un prérequis mais que l'Administration soit capable de donner une lisibilité », a insisté M. Denieul.