Après le concert d’autosatisfaction qui a accompagné depuis un an le Grenelle de l’environnement, c’est une étude d’impact à rebrousse-poil et particulièrement instructive qui a été présentée mercredi à l’Assemblée nationale par le collectif «Sauvons les fruits et légumes».
Elle montre, production par production, les lourdes conséquences que va avoir sur le terrain le plan de réduction des phytos. Elle pointe du doigt les impasses techniques qui risquent de compromettre la production nationale et de favoriser la concurrence étrangère soumise à des contraintes moindres.
Porte-parole du collectif et lui-même producteur de salades en région nantaise, Bernard Gery a expliqué que l’éclaircissage manuel des pommiers, seule alternative à la solution chimique, ne serait pas praticable à cause de son coût de revient trop élevé.
Pour la culture de la mâche qu’il connaît bien, «il est inimaginable de trier sur la chaîne de lavage pour enlever l’herbe», a t-il ajouté.
«Il y a déjà des cultures orphelines. On ne peut continuer sur cette lancée, a prévenu Jean-François Proust, animateur du collectif. «Si nous ne faisons rien, la filière des fruits et légumes sera en difficulté, au même titre que le lait», a reconnu le député Jacques Remiller, chargé par le ministre de l’Agriculture d’une mission d’expertise sur les enjeux du secteur des fruits et légumes.
Membre de l’Académie d’agriculture, le chercheur Pierre Feillet a mis en garde contre les risques liés aux mycotoxines, ces molécules hautement toxiques à faible dose produites par des moisissures.
Au sein de cette famille figure notamment la patuline qui concerne potentiellement les fruits. «L’exposition à la patuline est aujourd’hui très inférieure aux valeurs réglementaires», a-t-il indiqué. Mais si demain on protège moins nos productions, la donne pourrait vite changer, notamment à cause de la démultiplication des portes d’entrée que vont occasionner les piqûres d’insectes.
Né en novembre 2007, le collectif «Sauvons les fruits et légumes» rassemble des maraîchers et des arboriculteurs de terrain . Il est soutenu par des scientifiques, des médecins mais également des chefs cuisiniers, des élus. Il vise à sortir les producteurs de l'impasse réglementaire dans laquelle ils se trouvent.
A télécharger: Etude d’impact de la réduction des produits phytosanitaires sur la production de fruits et légumes (395.73 Ko) .