Une soixantaine de militants de la Confédération paysanne occupe depuis mercredi après-midi les locaux de la Maison du lait où se trouve le Cniel (interprofession laitière), figure emblématique des interprofessions.
« La Maison du lait est la maison de tous les paysans », rappelle Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne, pour légitimer leur présence. Objectif : obtenir deux sièges dans le collège des producteurs de l'interprofession laitière (aujourd'hui, l'interprofession compte 18 membres répartis en trois collèges).
L'exigence est ancienne et renouvelée régulièrement. « Elle est d'autant plus importante aujourd'hui que la loi de modernisation de l'agriculture (LMA) adoptée cet été a renforcé les pouvoirs des interprofessions », explique Philippe Collin. En revanche, la LMA n'a pas modifié leur composition. Les interprofessions restent soumises à la loi du 10 juillet 1975...
L'opération se préparait depuis près de trois mois. Des représentants de toutes les régions ont fait le déplacement. « Ils se relaieront tous les jours jusqu'à obtenir satisfaction », assure le syndicat. Les militants ont prévu nourriture et couchage pour tenir le siège pendant quinze, vingt jours.
Ils ont interpellé Henri Brichart, le président du Cniel, dans son bureau, qui n'a pas apprécié l'incursion et encore moins la présence de la presse. Dans les couloirs de la Maison du lait, on se dit ouvert au débat et on renvoie la balle au ministère de l'Agriculture. Pourtant, Bruno Le Maire a très clairement déclaré pendant les débats sur la LMA au Parlement qu'il appartenait aux interprofessions d'en décider.
« Vu le contexte économique et l'accord sur le prix du lait, notre exclusion de l'interprofession est insupportable, estiment les militants. Notre présence serait bénéfique à la défense des revenus. Il faut forcer la filière à respecter le premier maillon. »
Pour sa défense, le Cniel invoque la difficulté de satisfaire la règle de l'unanimité dans les prises de décision « alors qu'on n'est jamais d'accord ». Pour le Cniel, le syndicat doit faire la preuve de sa volonté de travailler ensemble de façon constructive. « L'interprofession n'est pas une tribune politique », a rappelé un administratif.
Pour la Confédération paysanne, l'unanimité est un « faux problème » car elle est exigée uniquement entre les différents collèges et pas au sein du collège des producteurs. « Le vrai problème, c'est la répartition de la valeur ajoutée », renchérit le Cniel...
C'est un dialogue de sourd auquel a pu assister la presse.