Plusieurs stands institutionnels ont été saccagés mardi matin au Space à Rennes, peu après l'intervention du ministre de l'Agriculture au salon de l'élevage.
Des militants de l'Apli (Association des producteurs de lait indépendants), de la Coordination rurale et de la Confédération paysanne s'en sont en effet pris aux stands du ministère de l'Agriculture, du Cniel (interprofession laitière), de FranceAgriMer et de la FNSEA. Le mobilier a été démonté, voire cassé, et les brochures d'information ont été répandues sur le sol.
Compte tenu de la forte tension sur place, la gendarmerie a fini par évacuer complètement le hall 5 où se trouvent les stands de plusieurs organismes agricoles et d'institutions publiques notamment.
Selon la Confédération paysanne, deux de ses responsables, Gérard Durand, secrétaire général des Pays de Loire, et Dominique Le Breton, porte-parole de la Loire-Atlantique, ont été arrêtés par les gendarmes. Ils ont été libérés plus tard dans la journée et aucune charge n'a été retenue contre eux, selon Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne.
Un peu plus tôt dans la matinée, un cortège d'environ 300 producteurs de l'EMB (European Milk Board), de l'Apli et de l'OPL (Organisation des producteurs de lait, branche de la Coordination rurale) avaient défilé avant d'être stoppés par les forces de l'ordre à proximité de l'espace où le ministre allait prononcer son discours. Lorsque les manifestants ont cherché à passer en force, les gendarmes ont répliqué par l'envoi de gaz lacrymogènes. Les manifestants ont également lancé des oeufs, des sacs remplis de bouse et d'autres projectiles en direction des forces de l'ordre.
« La manifestation d'aujourd'hui montre que le malaise est profond »
François Lucas, président de la Coordination rurale, a sollicité en vain un entretien d'une délégation – comprenant le président de l'EMB notamment – avec le ministre de l'Agriculture.
« Ce qui s'est passé ce matin est le symbole de la difficulté des agriculteurs à se faire entendre, a déclaré François Lucas. Le saccage des stands est à la hauteur du désespoir des producteurs de lait. Pour notre part, nous allons continuer notre combat avec l'EMB pour dire qu'il faut une régulation au niveau européen. Globalement, les annonces du ministre sont dérisoires par rapport au désarroi de l'agriculture. »
Pour Philippe Collin, le saccage de stands « ne fait plaisir à personne. Aussi longtemps qu'il n'y aura pas de vraie démocratie dans l'agriculture, la violence se cristallisera. Aujourd'hui, le dialogue est impossible avec ceux qui ont la prétention de représenter tous les paysans. Toutes les organisations non représentées sont en colère. La manifestation d'aujourd'hui montre que le malaise est profond dans l'agriculture, un malaise dont les responsables politiques n'ont pas pris la mesure ».
Les représentants des syndicats minoritaires reprochent aux organisateurs de ne pas avoir pu assister au discours du ministre. Celui-ci est d'ailleurs sorti du lieu où il s'est exprimé par une porte dérobée, avant de quitter le Space en voiture sans visiter le salon. Les manifestants étaient alors retenus à l'extérieur de l'espace de réunion par les forces de l'ordre.
« Il y a un an l'Apli a semé l'illusion, aujourd'hui elle récolte la désillusion. »
A proximité des stands saccagés, les échanges entre militants des deux bords (syndicats minoritaires et FNSEA) étaient parfois vifs.
« Il y a un an l'Apli a semé l'illusion, aujourd'hui elle récolte la désillusion et les autres syndicats se partagent l'héritage. Laisser penser que des actions violentes de ce type-là vont régler les problèmes, c'est poursuivre l'illusion, explique Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA. Il y a des agriculteurs qui sont à bout, mais ceux-là ne sont pas ici aujourd'hui. Nous sommes là pour construire. C'est difficile de tenir un discours responsable. J'ai entendu ''casser, casser'', mais après qu'y a-t-il ? Pour l'instant, je n'ai pas vu de projet. La désillusion est à la hauteur de l'illusion ».
« Il n'y a qu'en France que j'ai vu des paysans casser des paysans »
Lors d'une conférence de presse organisée en milieu d'après-midi par la FNSEA, Jean-Michel Lemétayer, président du syndicat et du Space, était absent. Dominique Barrau, secrétaire général de la FNSEA, a déclaré que son syndicat est « outré par ce qui s'était passé ce matin ».
Jean-Michel Lemétayer est intervenu en tant que président du Space lors d'une conférence de presse en fin de journée. Il n'a pas pu indiqué si le Space porterait plainte contre les manifestants.
« C'est au conseil d'administration de décider. Les événements qui se sont déroulés sont inacceptables. Nous avons un devoir de permettre aux exposants de travailler normalement et aux visiteurs de faire le tour qu'il voulaient. »
Par « travailler normalement », le président du Space entendait notamment « faire respecter l'ordre. On a été tolérants peut-être trop longtemps ». « Je veux dire que le Space n'est pas un lieu de guerre syndicale et qu'il n'y a qu'en France que j'ai vu des paysans casser des paysans », a ajouté Jean-Michel Lemétayer.
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Visionnez les vidéos :
- Space : heurts avec la gendarmerie et stands saccagés
- Manifestation au Space : la position de François Lucas de la Coordination rurale
- Manifestation au Space : la réaction de Christiane Lambert (FNSEA)
- Manifestation au Space : la position de Philippe Collin de la Confédération paysanne
- Manifestation au Space : la réaction de Jean-Michel Lemétayer
- Manifestation au Space : la position de Pascal Massol, président de l'Apli
- Space : Bruno Le Maire annonce des mesures pour les éleveurs
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samedi 18 septembre 2010 - 17h24
A force de se faire balader voilà où cela mène. Malheureusement ça ne fait que commencer, car certains sont désepérés et n'ont plus rien à perdre.