Le dixième congrès de l'Union des producteurs de pommes de terre (UNPT) a eu lieu le 14 février 2013 à Paris. Son président, Patrick Trillon, a soulevé plusieurs points importants pour la filière.
En ce qui concerne la libéralisation du secteur féculier, les études de la Commission européenne montre qu'une forte restructuration du secteur va intervenir. « Il faut redonner de la compétitivité à la filière en prenant en compte une partie des surfaces féculières comme surface d'intérêt écologique et ouvrir l'enveloppe budgétaire destinée au découplage d'une partie des aides », a-t-il proposé.
L'UNPT insiste également sur un renforcement de la politique sanitaire de la filière. « La mise au point d'une convention de solidarité a été réussie mais nous devons maintenant aller vers l'inscription de ce dispositif dans le nouveau Fonds national de mutualisation sanitaire et environnemental (FMSE) pour pouvoir prétendre aux 53 millions d'euros de fonds publics », a indiqué Patrick Trillon.
Concernant la lutte contre les bioagresseurs, il a pris l'exemple du taupin et demande l'homologation du Mocap pour être au même niveau de compétitivité que nos voisins européens.
Il a également rappelé que depuis dix ans l'UNPT souhaite la mise en place d'un protocole pour assurer la sécurité sanitaire de l'autoproduction de plants et que depuis dix ans rien n'a été fait avec les services de l'Etat. « Nous demandons aujourd'hui le soutien des services publics sur ce point », a ajouté le président, sans oublier « une participation équilibrée de tous les producteurs à la recherche variétale ».
Pour l'Union des producteurs, la mise en place d'une nouvelle OCM unique doit être l'occasion de réfléchir à la volatilité des prix et à la gestion de risque chez le producteur et au niveau des acheteurs. « Sur ce point, des discussions doivent être engagées entre les acheteurs et les instances représentatives des producteurs individuellement », a précisé la président.
L'UNPT demande une reconnaissance et une sécurisation des groupements de producteurs et l'extension des dispositions du « paquet lait » au secteur de la pomme de terre. L'UNPT se félicite de la hausse des prix de la pomme de terre cette année, mais estime qu'il faut se préparer à des baisses éventuelles et donc mettre en place des outils de gestion du risque comme par exemple la contractualisation, le marché à terme, la segmentation du marché, le doublement de la dotation pour aléas (DPA), l'harmonisation fiscale entre les pays de l'UE, etc.
Enfin, le président a estimé que « pour gagner en compétitivité, il fallait cesser toute politique distorsive comme les taxes sur les transports ou sur les heures supplémentaires ».
Christine Avelin, conseillère technique sur les productions végétales auprès du ministre Stéphane Le Foll, a estimé que la gestion des risques (prix, sanitaires) faisait partie des grands enjeux pour les années à venir. Elle a souhaité rappeler la mise en place d'un plan d'action en faveur des producteurs touchés par les intempéries et qui n'ont pas réussi à récolter leur production et réensemencer les surfaces concernées en cultures d'hiver.
« Tout sera mis en œuvre pour indemniser les producteur, a-t-elle insisté, avec notamment un échelonnement du paiement des cotisations de MSA et un allègement de charges d'une enveloppe de 500.000 euros », a-t-elle détaillé.
Christine Avelin a estimé que « les discussions interprofessionnelles devaient aboutir à un partage des risques équilibré entre l'amont et l'aval ». « Sur le point de l'intégration des surfaces en pomme de terre fécules dans les surfaces d'intérêt écologique, je crains que les pommes de terres ne remplissent pas toutes les conditions en terme d'intrants et de produits phytosanitaires », a estimé la conseillère.
Concernant l'utilisation de de plants fermiers et la participation à la recherche variétale, le ministère partage les objectifs de l'UNPT. Ajoutant qu'il fallait poursuivre le soutien de la recherche par les producteurs et que si l'interprofession n'arriverait pas à se mettre d'accord, les pouvoirs publics prendront la décision à sa place.
Sur la DPA, elle a précisé que le montant n'était pas figé et qu'il pouvait être amené à évoluer mais qu'il était conditionné par des contraintes budgétaires du ministère de l'Agriculture.