Daniel Picart et Jean-Pierre Joly, respectivement président et directeur du Marché du porc breton (MPB), font le point, dans un courrier du 28 août adressé à leurs adhérents, sur la sortie de la Cooperl et de Bigard/Socopa.
« Aujourd'hui, il manque toujours deux acheteurs importants au Cadran, indiquent-ils. Les discussions ont repris avec la Cooperl, avec les préalables insupportables. Bigard/Socopa abat le même nombre de porcs qu'avant le 6 août, avec un appro 100 % direct. Cet industriel “verticalise” sa filière “en créant un cahier des charges par porc”. Cooperl nous laisse sur les bras près de 10.000 porcs par semaine. La situation se tend petit à petit chez les éleveurs du Cadran. Il est nécessaire que la solidarité soit de mise entre tous les éleveurs – cadran et direct – pour prioriser les porcs les plus lourds afin de pénaliser le moins possible certains éleveurs. Le Cadran est un outil collectif, au service de la transparence, au service des éleveurs. Il faut veiller à assurer solidairement le juste prix avec en parallèle de la fluidité dans tous les élevages. Avec tous les dirigeants régionaux, nous nous y emploierons. »
Les responsables du MPB reviennent aussi sur le fond du problème : « Ces deux opérateurs ont totalement passé outre les obligations de la convention de Marché, indiquent-ils. Celle-ci stipule qu'un opérateur, désireux de quitter le marché, doit remplir certains engagements prévus dans les textes de ladite convention. De même, si un opérateur veut obtenir une modification du règlement ou de la convention de Marché, il doit en référer à son organisation représentative (FAC pour les acheteurs, MPB pour les vendeurs). C'est dans ce cadre que se négocient les conventions. La dernière version de la convention a été signée le 30 mars 2015. La convention serait-elle devenue obsolète en 4 mois ? », interrogent-ils.
Selon eux, Cooperl conditionnerait son retour à la révision de deux points de la convention : la suppression du prix de retrait et la suppression de l'obligation d'affectation. « Accéder à ces demandes équivaudrait à saborder le MPB, estiment-ils. La convention permet d'encadrer les hausses et les baisses de façon raisonnable, ce qui évite les spéculations et les trop grands écarts de prix préjudiciables au commerce. L'esprit de la convention a toujours été de favoriser les apporteurs et les acheteurs réguliers. Les affectations et la vente à prix plafonné sont étroitement corrélées. Les volumes d'achat sont calculés sur la base des achats des marchés précédents. Cette règle a été décidée interprofessionnellement pour corriger les défauts de mode de vente précédent. Accéder à cette demande de révision correspondrait à un recul historique dans le fonctionnement pouvant découler sur la disparition du MPB. »
Le rendez-vous avec le ministre
Les responsables du MPB reviennent également sur le prix de 1,40 €/kg à cause duquel Cooperl et Bigard/Socopa ont quitté le Cadran. « Tout en dénonçant ce prix “artificiel”, ils promettent à leurs fournisseurs de porcs de les rémunérer sur la base Cadran, comprenne qui pourra ! En participant à la cotation, ils ont tout loisir d'orienter le prix de base, en se servant de la barre de retrait. Absents, ils “subissent” et appliquent le prix qu'ils dénoncent par ailleurs ! »
Daniel Picart et Jean-Pierre Joly reviennent également sur le rendez-vous qu'ils ont obtenu avec le Stéphane Le Foll cet été : « Une délégation MPB/Acheteurs du MPB a permis d'exposer clairement les enjeux. Le ministre, qui occultait jusque-là tout problème de compétitivité, a admis et exprimé au nom du gouvernement, au cours de la conférence qu'il a donné le 17 août, qu'il y avait effectivement plusieurs points à relever : les mentions d'origine, le dumping social, le dumping fiscal, et le trop-plein de normes. »
Dans leur courrier, Daniel Picart et Jean-Pierre Joly regrettent de n'avoir pu rencontrer le ministre avec les dirigeants de Cooperl et de Bigard/Socopa. Ceux-ci ayant obtenu un rendez-vous décalé. « Comment travailler ensemble dans notre filière quand deux opérateurs, dont une coopérative qui représente 30 % des porcs de l'Ouest, font la politique de la chaise vide ou des démarches individuelles qui affaiblissent le collectif », questionnent-ils.