Daniel Sauvaget, PDG de Tilly-Sabco, a présenté, le 6 juin 2013 à Paris, le dispositif d'adaptation qu'il défend dans le cadre de la prochaine Pac, pour permettre à la filière du poulet de grande exportation de s'adapter à l'abandon des restitutions par Bruxelles. L'industriel propose de partager entre l'amont de la filière, son aval et un fonds européen d'adaptation, l'effort nécessaire pour combler l'écart de compétitivité entre la France et le Brésil.
Sur ce marché du grand export, les entreprises françaises font face à la concurrence brésilienne. « Les restitutions gommaient les écarts de compétitivité, rappelle Daniel Sauvaget. L'Europe veut les abandonner. Nous en prenons acte et voulons relever le challenge. » Ce handicap, l'industriel l'estime aujourd'hui à 350 € par tonne-équivalent carcasse (tec), contre 500 €/tec en 2007. Il considère qu'il atteindra 250 €/tec en 2020 à cause de l'augmentation du coût de la main-d'œuvre et des intrants au Brésil, ou encore de la parité des monnaies.
« La filière doit couvrir cet écart résiduel en 2020, prévient Daniel Sauvaget. Il faut trouver par nous-mêmes les moyens de les gommer. Nous le répartissons pour moitié entre l'amont de la filière du grand export – l'accouvage, les fabricants d'aliments, les élevages – et les abattoirs. Et nous sollicitons un soutien dégressif de l'Union européenne [jusqu'en 2020, NDLR]. » Répartir par moitié cet écart de 250 €/tec en 2020, revient à diviser en trois l'écart actuel, en attribuant une part à l'Europe.
Ce fonds d'adaptation soutiendrait les investissements nécessaires dans l'industrie pour combler l'écart de compétitivité entre les filières française et brésilienne. Du côté de l'industrie, Daniel Sauvaget évoque l'automatisation des process, l'accroissement de production et le développement d'activités périphériques de l'abattoir, comme leviers d'action possibles au niveau industriel. « Ce fonds n'a pas pour vocation à se substituer aux restitutions, insiste Daniel Sauvaget. Mais à accompagner les acteurs de la filière pour sécuriser leurs investissements. »
Quant au soutien, Daniel Sauvaget estime que les pouvoirs publics ont pris en considération cette proposition puisque, dans le plan d'action présenté en avril, le gouvernement a souligné que les marché dans les pays tiers restent porteurs. En revanche, il ne semble pas avoir échangé avec Doux, l'autre poids lourd du secteur, estimant que le temps nécessaire à la clarification de la gouvernance du groupe Doux n'est pas compatible avec le calendrier de négociation de la Pac.