La filière avicole bretonne s'est mobilisée, samedi, contre la diminution des subventions européennes à l'exportation (restitutions) lors d'une réunion organisée à Châteaulin (Finistère) par les syndicats des groupes Doux et Tilly-Sabco.
« Nous sommes pour le maintien des restitutions le temps de la réorganisation de la filière avicole française, avec des contreparties, des investissements dans la recherche, dans l'amélioration de la compétitivité et des conditions de travail », a déclaré Jean Luc Guillard, délégué CFDT de Doux, au nom de l'intersyndicale CGT, CFDT, Force Ouvrière.
Les volaillers français Doux et Tilly-Sabco sont touchés de plein fouet par une décision de Bruxelles divisant par deux les restitutions octroyées à la France pour l'exportation des poulets.
« Nous avons besoin encore d'un peu de temps, et surtout pas des baisses brutales telles que nous les avons connues, pour améliorer notre compétitivité pour exporter », a indiqué François Le Fort, directeur industriel du groupe Doux. Jeudi, le groupe Doux, en redressement judiciaire, avait indiqué qu'il pourrait se passer des restitutions « dès que les conditions du marché permettront une saine compétition vis-à-vis des compétiteurs étrangers ».
Pour Daniel Sauvaget, PDG de Tilly-Sabco, il faut maintenir le dispositif « tant que d'autres pays, comme le Brésil, pratiqueront des aides à leurs producteurs ». « L'Europe ne peut pas abandonner aujourd'hui la Bretagne. Ce n'est pas parce que nous avons été les bons élèves de l'Europe pendant 40 ans qu'on peut nous jeter comme des Kleenex », a ajouté M. Sauvaget, dont l'entreprise réalise 80 % de son chiffre d'affaires dans la péninsule arabique.
Selon l'intersyndicale, la diminution des aides européennes, avec pour objectif leur suppression à terme, s'est faite « sous la pression américaine ».
Plusieurs acteurs de la filière, industriels, transporteurs, salariés, éleveurs, avaient été invités à cette réunion pour défendre « la filière avicole en danger ». Des élus de gauche et de droite étaient présents au débat qui a réuni environ 400 personnes. Les syndicats leur remettront prochainement une « feuille de route » afin qu'ils « fassent pression sur Paris pour que la France fasse pression sur Bruxelles ».
Cette baisse des aides européennes intervient alors que le groupe Doux, numéro un de la volaille en Europe, est en redressement judiciaire. Son pôle frais a été liquidé et partiellement repris avec la perte d'un millier d'emplois. Le groupe se compose désormais des pôles surgelés et élaborés. Sa période d'observation a été prolongée jusqu'au 28 février 2013. Un point d'étape est prévu le mardi 19 février au tribunal de commerce de Quimper. Le groupe s'attend à une prorogation de sa période d'observation de trois mois.