La polémique fait rage entre les producteurs de poulets de Vivadour et les habitants. En cause, un projet de 20.000 m² de bâtiments d'élevage industriel.
Dans le département du « bonheur est dans le pré », une volaille « élevée en plein Gers » est forcément « élevée en plein air », comme l'a si souvent répété le slogan. Alors quand la coopérative Vivadour annonce que ses adhérents vont construire seize poulaillers de 1.200 m², destinés à produire du poulet standard, appelé ici « poulet végétal », ça grince !
D'autant que certains bâtiments seront regroupés par quatre comme sur les communes de Saint-Elix-Theux et Lannepax, siège d'un noyau de résistance. Soumis à une procédure administrative et à enquête publique, ces deux sites classés viennent d'obtenir l'aval du préfet du département.
« Ce que l'on dit moins, c'est que 24.000 m² de bâtiments d'élevage de poulets de label rouge sont aussi au programme, précise Franck Clavier, directeur général de la coopérative. Soixante unités de 400 m² seront bâties en deux tranches. Pour la filière, il s'agit ni plus ni moins de retrouver les volumes de production d'il y a dix ans. »
En 1999-2000, 8 millions de volailles étaient produites par Vivadour, dont 50 % de poulets standards et 50 % de labels et volailles fermières. En 2009-2010, les mises en place, en constant recul depuis 2005, étaient passées à 6,5 millions, avec moins de trois millions de poulets standards.
Faire tourner les abattoirs
« Notre objectif est de continuer à faire tourner les abattoirs gersois de Sarramon et Condom, qui fonctionnent aujourd'hui, en partie, grâce à une production importée de Vendée, poursuit Franck Clavier. Il serait quand même dommage, pour l'économie du département et le bilan carbone, de ne pas approvisionner nous-mêmes ces outils industriels. »
Vivadour compte ainsi augmenter ses volumes de poulets label de 10 % et retrouver un rythme de production de 100.000 poulets standards par semaine. Autre argument de la coopérative : 85 % des consommateurs gersois consomment de la volaille standard.
« Les Gersois devraient défendre la relocalisation des productions dans le département », souligne Christophe Terrain, président de Vivadour.
Ce qui n'est pas l'avis du collectif « Bien vivre dans le Gers », récemment créé, qui dénonce des projets « qui mettent en danger les filières de qualité du département, déqualifient et précarisent l'exploitant, nient les bases du bien-être animal, et transforment les riverains en victimes de nuisances diverses ».
« Pour 87 % des Gersois, les poulets élevés en plein air contribuent à l'image de marque du département, reconnaît Philippe Martin, président du conseil général, citant une enquête de TNS-Sofres. En revanche, seuls 22 % sont favorables à la mise en place d'élevages industriels. On s'aperçoit même que 65 % des agriculteurs y sont opposés. »
« Ce résultat n'est pas étonnant, vu les propos mensongers colportés par nos opposants et parus dans la presse locale », répond Franck Clavier. Vivadour a même dû faire paraître un démenti pour dénoncer « les allégations autour du poulet végétal ». Quant au collectif, il demandait un débat public qui n'a pas eu lieu, mais compte bien prolonger ses revendications.
Encore deux projets dans les cartons Non soumis à enquête, un bâtiment neuf d'élevage standard est déjà en fonctionnement à Monlezun. Vivadour aurait deux autres éleveurs candidats, à Durfort et Izotges, pour la construction de trois ou quatre bâtiments par site. |