Environ 70 salariés et éleveurs de l'abattoir breton Tilly-Sabco ont passé la nuit de mardi à mercredi sur un pont de la RN12 entre Rennes et Brest avant une réunion dans l'après-midi de mercredi à Rennes sur la situation de leur abattoir, qui risque de fermer faute d'approvisionnement.
Arrivés à plus de 300 mardi après-midi à Plouégat-Moysan, au niveau de la bretelle de sortie qui permet d'accéder à l'usine du groupe à Guerlesquin, les salariés de cet abattoir spécialisé dans les poulets surgelés destinés à l'exportation étaient environ une centaine encore sur place mercredi matin vers 09h00, a constaté un correspondant de l'AFP.
Six camions bloquaient toujours la RN12 dans les deux sens et les manifestants étaient installés sur le pont enjambant la route nationale. Ils ont aménagé une cantine avec des tables et écoutaient de la musique tandis que deux feux de palettes brûlaient à proximité, à côté d'un panneau « Tilly-Sabco, 335 sacrifiés ».
La circulation est déviée depuis mardi après-midi sur la RN12 entre Guingamp et Morlaix, via Carhaix ou Lannion.
Nutréa (filiale de la coopérative bretonne Triskalia), principal fournisseur de poussins pour les éleveurs qui envoient leurs poulets à l'abattoir Tilly-Sabco, a cessé de les livrer le 28 juin faute d'assurance de paiement compte tenu des difficultés de la filière, selon une source syndicale.
Les difficultés de Tilly-Sabco, dont 80 % de la production est destinée au Moyen-Orient, principalement dans la péninsule arabique, remontent à la suppression en 2013 des aides européennes à l'exportation pour les poulets congelés (les restitutions), qui soutenaient la filière à hauteur de 55 millions d'euros par an.
Une réunion est prévue à la préfecture de Région à Rennes mercredi à 14h30 pour envisager l'avenir de l'entreprise bretonne. « Si on entend parler de formation, de cellule de reclassement, de dépôt de bilan, on claque la porte », a d'ores et déjà prévenu mardi Corinne Nicole, déléguée CGT de Tilly-Sabco.
« Nous demandons 800.000 euros par mois a minima, cela permet l'abattage de 450.000 poulets, soit deux jours de travail par semaine, pour garder notre principal client le temps de trouver une solution pour la filière », a-t-elle détaillé.