La population d'ours dans les Pyrénées a légèrement augmenté grâce à de nouvelles naissances. C'est toujours trop peu pour les défenseurs du plantigrade, et toujours trop pour ses détracteurs.
Les ours étaient au minimum 21 à la fin de 2011, dont trois nouveau-nés, au lieu de 19 au minimum en 2010, selon le rapport annuel de l'équipe en charge de l'ours à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).
Les associations pro-ours, consternées par le précédent gouvernement, placent à présent leurs espoirs dans le nouveau pour qu'il « respecte ses obligations européennes » de protection des espèces menacées et réintroduise de nouveaux ours slovènes dans le massif. Les anti redoutent, eux, encore plus d'attaques contre les troupeaux.
La très grande majorité des ours se trouvent dans les Pyrénées centro-orientales, essentiellement entre la Haute-Garonne et l'Ariège, et du côté espagnol dans le val d'Aran-Pallars Sobira. A l'ouest du massif, l'ours est menacé de disparition : seuls deux mâles subsistent dans le noyau des Pyrénées-Atlantiques, en Béarn, où le gouvernement précédent avait renoncé à introduire une ourse en 2011.
Dans le premier noyau, « on est sur une dynamique intéressante avec une population qui devrait continuer à augmenter », juge François Arcangeli, président de l'association Pays de l'ours-Adet.
Le maire d'Arbas (Ariège) et conseiller régional (EELV) s'attend à deux ou trois portées supplémentaires cette année et estime que les bons taux de reproduction et de survie observés montrent que l'animal s'adapte « bien à un biotope qui lui est favorable ».
Cela reste trop peu pour que la population de l'ours, qui ne subsiste plus en France que dans les Pyrénées, y soit viable. Pays de l'ours-Adet souhaite donc que les réintroductions reprennent, ne serait-ce que de manière « homéopathique » car les dernières réintroductions, cinq lâchers successifs qui avaient mobilisé des milliers d'opposants, remontent à 2006.
M. Arcangeli invoque aussi la nécessité de diversité génétique : Pyros, mâle dominant, est le géniteur des oursons nés en 2011 alors qu'il était déjà le père ou grand-père d'une quinzaine d'oursons nés depuis son arrivée en 1997.
« On espère être écoutés et suivis par le nouveau gouvernement », dit-il avec l'espoir qu'une conférence environnementale prévue les 14 et 15 septembre soit l'occasion d'aborder le sujet.
Les anti-ours continuent, eux, à s'insurger contre la volonté de transformer les Pyrénées en sorte de sanctuaire du sauvage, au détriment du pastoralisme et des éleveurs qui ont « façonné le paysage » et maintiennent « ouvert » le milieu.
La population actuelle est artificielle car une population viable devrait compter « au moins 300 » individus, dit Bruno Besche-Commenge, vice-président de l'Addip, regroupement d'élus et d'associations anti-ours. Avec une vingtaine d'Ursus arctos, « on agite l'écologie emblématique » et « on évite d'aborder les problèmes écologiques de fond » tout en « emmerdant tout le monde ».
Car, dit-il, les attaques de cheptel se sont multipliées ces derniers temps et il connaît des éleveurs qui sont déjà « redescendus de leurs estives ». La situation « est absolument infernale », dit-il.
En 2011, l'ONCFS a recensé 98 attaques d'ours contre des animaux domestiques, avec 172 animaux blessés ou tués.
Les défenseurs de l'ours confrontent ces chiffres au « millier de brebis qui meurent chaque semaine » d'autres causes que l'appétit du plantigrade.