En demandant la dérégulation du prix du lait, «le gouvernement n'a pas pris toute la mesure des conséquences de cette décision», a affirmé lundi à l'AFP Olivier Picot, président de l'association qui regroupe les industries du secteur laitier.
Ces déclarations du président de l'Association de la transformation laitière française (Atla) interviennent alors que le conflit se poursuivait lundi entre les producteurs laitiers et le groupe fromager Entremont. Ce dernier a refusé de payer le lait au prix réclamé par les éleveurs, contrairement aux autres industries de la filière.
«Nous sommes très surpris que le gouvernement ait pris l'option de déréguler» le prix du lait, a affirmé M. Picot. Selon lui, «le gouvernement n'a pas pris toute la mesure des conséquences de cette décision».
«Et les conséquences, on commence à les voir arriver avec une entreprise qui – et c'est bien son droit – décide d'appliquer un prix différent (des autres entreprises, ndlr) et des producteurs qui sont inquiets du risque de contagion», a poursuivi M. Picot.
«Entremont est dans sa logique et les producteurs dans la leur et tout cela s'appelle un marché dérégulé», toujours selon M. Picot qui a précisé que «cette dérégulation a été voulue par le gouvernement».
Les producteurs de l'Ouest accusent Entremont de s'être précipité «unilatéralement» dans la brèche d'une dérégulation du secteur qui laisse depuis juillet toute liberté aux industriels pour fixer les prix, jusqu'alors déterminés par des recommandations trimestrielles de l'interprofession.
«Ce changement de règle du jeu», selon M. Picot, est intervenu après que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a demandé à la fin d'avril à l'interprofession, au motif d'éviter toute entente sur les prix, de ne plus donner de «recommandation» en matière de prix du lait. Cette pratique était en vigueur depuis 1997 avec l'accord des pouvoirs publics.