Les producteurs de lait appellent vendredi les industriels à la reprise des négociations, après l'échec de l'interprofession à s'entendre depuis juin sur les prix du lait livré de juillet à septembre, évoquant de nouvelles actions de protestation.
« Si les choses ne bougent pas la semaine prochaine, on verra la stratégie qu'on adopte. Les laiteries ne peuvent pas avoir le beurre et l'argent du beurre », a déclaré Henri Brichard, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), affiliée à la FNSEA.
L'interprofession échoue depuis juin à s'entendre sur les prix à appliquer au troisième trimestre alors que les cours se redressent. Ils s'étaient écroulés au printemps de 2009, provoquant des manifestations, parfois violentes, de producteurs de lait.
« Les marchés vont beaucoup mieux qu'en 2009. Au moment où les producteurs pensaient en avoir les répercussions, les industriels ne sont pas d'accord. »
« Les exploitants ne comprennent pas qu'après une année catastrophique on ne leur donne pas leur juste dû alors que les cours sont bons. On a l'impression que quand ça va mal, on nous le répercute mais que quand ça va bien on ne nous répercute qu'une petite partie », explique M. Brichard.
En 2009, les prix étaient descendus « jusqu'à moins de 200 euros les 1.000 litres », rappelle le patron de la FNPL et tournaient « autour de 275 euros au deuxième trimestre de 2010 ».
Au troisième trimestre, a ajouté M. Brichard, période où les prix sont plus élevés pour cause de production plus rare, « on s'attendait à 330-334 euros ; or on nous propose presque 20 euros de moins ».
Dans un communiqué publié vendredi, la FNSEA « appelle les industriels à un retour à la raison, à la reprise des négociations et au respect de l'engagement pris le 3 juin 2009, qui fixait les règles de paiement du lait aux producteurs, en fonction du marché ».
« Aujourd'hui, le marché des produits laitiers s'améliore. Pourtant, les industriels font pression pour peser sur le prix payé aux producteurs en usant d'artifices qui ne sont que des miroirs aux alouettes. L'accord prévoit des ajustements qui respectent les évolutions du marché, à la hausse comme à la baisse : les producteurs ne comprennent plus », explique le syndicat majoritaire.
« Au-delà du manque de visibilité sur le prix du lait au troisième trimestre, le comportement actuel des industriels n'est pas de bon augure pour les prochains grands chantiers qui attendent la filière », commente Jean-Michel Schaeffer, président des Jeunes Agriculteurs (JA) cité vendredi dans un communiqué.
« Voulons-nous évoluer comme les filières laitières de l'Europe du Nord avec des exploitations hyperspécialisées et gigantesques qui rendent les installations de plus en plus difficiles ? Voulons-nous des « usines à lait » déconnectées des caractéristiques régionales ? A l'inverse de leurs slogans publicitaires, les industriels semblent vouloir accélérer la désertification des campagnes et l'uniformisation des productions. Un comportement irresponsable qui conduira à la perte de la filière laitière française », poursuit le président des JA.
Bilan des actions de la semaine et celles à venir
La FNSEA a communiqué le vendredi 30 juillet 2010 un bilan à 16 heures des actions menées au cours de la semaine du 26 juillet et celles prévues dans les jours ou semaines à venir. Normandie (Calvados, Seine-Maritime, Manche) : actions visant les industriels directement (blocage de laiterie, dépôt de fumier devant les accès), ou dans les GMS, et recherchant le soutien des consommateurs (distribution de tracts incitant au boycott de certains produits). Pays de la Loire (Loire-Atlantique, Maine-et-Loire, Sarthe et Mayenne) : les JA attaquent les industriels au tribunal de commerce pour non-respect de l'accord du 3 juin. Bretagne : les Côtes-d'Armor commencent leur action par du harcèlement auprès des administrateurs de coopératives et responsables des laiteries mais envisagent de durcir le mouvement dès la mi-août. L'Ille-et-Vilaine a convoqué les industriels le jeudi 29 juillet. Le Finistère temporise mais envisage son action dans les quinze prochains jours. Rhône-Alpes : la FRSEA vient d'appeler à déréférencer, la Haute-Loire est en action. Bourgogne : l'Yonne est déjà dans les GMS, la Côte-d'Or la rejoindra probablement dans les prochains jours. Poitou-Charentes : les Deux-Sèvres devraient entrer en action dans les GMS la semaine prochaine. Franche-Comté : dans la Haute-Saône, l'action est en cours. Les producteurs facturent leur lait aux industriels au prix réévalué sur la base du 3 juin. Sud-Ouest : la FRPL s'annonce prête à engager des actions. Grand Est : les négociations sont toujours de mise (réunion informelle du CIL prévue le mardi 3 août 2010 – industriels et coopératives se rencontreront la veille). |
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