Entremont Alliance a eu beau jeu d'annoncer qu'il revenait sur sa décision de payer le lait 272,80 €/1.000 l. Et les pouvoirs publics se sont enlevés une belle épine du pied en annonçant, le 9 octobre, qu'ils redonnaient la main à l'interprofession dans ce dossier...
Car les négociations s'annoncent agitées. Les industriels réclament des baisses de 40 à 70 €/1.000 l au quatrième trimestre de 2008 et de 100 à 120 €/1.000 l au premier trimestre de 2009, a protesté la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), mardi dans un communiqué. Après deux rounds de réunions sans avancée satisfaisante, le syndicat de producteurs a appelé ses fédérations à «se mobiliser et agir pour éviter l'inacceptable».
«Il n'est pas possible pour la FNPL d'entrer dans un schéma dans lequel, quand le prix des produits industriels varie beaucoup, celui du lait varie aussi beaucoup, proteste Thierry Roquefeuil, son secrétaire général. Le producteur ne peut plus être la variable d'ajustement». La FDPL du Puy de Dôme a déjà annoncé qu'elle était prête à se lancer dans une grève du lait.
Cet appel au terrain est censé faire pression dans des négociations qui ne sont pas encore fermées.
«Nous avons jusqu'au 30 octobre pour fixer un montant acceptable», évalue Thierry Roquefeuil. Ce montant dépendra en partie de l'ampleur de la mobilisation. Et de ce qu'on entend par «acceptable».
La Confédération paysanne appelle également les producteurs à «passer à l'action», dans un communiqué, mercredi. Elle critique en parallèle la FNPL, qui «essaie de jouer les pompiers après avoir joué les pyromanes», tout en constatant que «la légitimité accordée par le ministre à ces négociations n’a pas suffi pour parvenir à un accord».
Mince revanche, alors que le syndicat reste exclu des discussions, malgré la promesse – non tenue – du ministère de l'Agriculture de l'y associer.
Le syndicat minoritaire reproche entre autres à la FNPL «une gestion calamiteuse de la fin de campagne de 2007-2008, du fait de la volonté du ministère, soutenu par la FNPL, de réaliser la référence nationale et d’accorder des allocations provisoires à hauteur de 15%», ainsi qu'une «augmentation de 2,5% de la référence nationale, alors que la consommation des ménages est plutôt en régression».
Pour l'Organisation des producteurs de lait (OPL, affiliée à la Coordination rurale), l'annonce est incomplète: à la baisse demandée par les industriels «se rajoutent les 27€/1.000 l de revalorisation annoncés par l’interprofession pour le troisième trimestre de 2008 qui n’ont toujours pas été versés aux producteurs», explique le syndicat dans un communiqué.
«La baisse du prix atteindra ainsi près de 30%! Face à cette situation intolérable, l’OPL appelle tous les producteurs de lait à se mobiliser pour empêcher l’hécatombe», poursuit-elle
«La limitation de la production sur la campagne en cours, annoncée par le ministère de l’Agriculture, est une première démarche nécessaire. Mais il est indispensable que l’industrie laitière considère les producteurs laitiers comme des chefs d’entreprise, préoccupés eux aussi de la rentabilité de leur travail, en droit d’exiger un prix du lait corrélé aux coûts de production», conclut l'OPL.
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