Alors que les cours des produits industriels enregistrent des hausses spectaculaires depuis plusieurs mois, les producteurs ne voient toujours pas la couleur de cette flambée sur leurs paies de lait. Patience, elle devrait se répercuter sur le prix à la production à partir de juillet. Les professionnels évoquent une hausse de plus de 10 €/1.000 l au troisième trimestre, et même davantage au quatrième trimestre.
Explication: les indicateurs utilisés dans l’estimation du prix de base sont calculés sur les douze derniers mois écoulés (ou douze mois «glissants»). Or, avant le premier trimestre de 2007, la reprise des cours du beurre et de la poudre ne se percevait pas encore.
«Le renversement de tendance est relativement récent, concède Gilles Psalmon, directeur adjoint de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Le système de calcul a un ''effet retard'', et un lissage des variations de prix. Il amène à des résultats qui sont loin d’être en phase avec la situation actuelle.»
«Je comprends que la hausse n’arrive pas assez vite aux yeux des producteurs, relativise Thierry Roquefeuil, secrétaire général de la FNPL. Mais n’oublions pas d’où nous venons. Nous sommes passés en six mois d’une situation où certains producteurs n’étaient même plus sûrs d’être collectés, à la situation inverse, avec des industriels qui annoncent qu’ils manquent de matière utile.»
Pas question cependant pour la FNPL de remettre en cause l’accord de janvier 2006 sur la recommandation nationale du prix du lait. Quoique… Plusieurs voix évoquent avec insistance un aménagement, voire une suppression de la flexibilité additionnelle. Les producteurs, mais également des transformateurs critiquent l’aspect «dépassé» ou «caduc» de ce système, mis en place en temps de crise des produits industriels.