Les producteurs s'inquiètent de la chute du prix du porc depuis juillet qui, après deux ans de crise, pourrait entraîner des centaines de faillites dans les prochains mois si les cours ne remontent pas.
«Cela fait deux ans qu'on ne gagne rien et si la situation actuelle continue on court à la catastrophe», a déclaré Paul Auffray, secrétaire général de la Fédération national porcine (FNP).
Depuis le 2 juillet, les cours du porc ont chuté de 10,4%, tombant à 1,21 euro lundi contre 1,45 euro à la même date en 2008.
«Il n'y a pas eu d'embellie cet été, des mois qui habituellement nous permettent d'équilibrer notre année, c'est la première fois que je vois ça en 39 ans», constate Fortune Le Calvé, président du comité régional porcin de Bretagne, région qui, avec 10.000 exploitations, regroupe 60% de la production française.
En conséquence, selon lui, 20% des producteurs sont «dans le rouge vif». «Ils ont consommé leurs capitaux propres et s'ils étaient artisans seraient contraints au dépôt de bilan», a-t-il précisé.
Selon Pierre Brosseau, responsable de la commission porc à la Confédération paysanne, 30% des producteurs porcins sont endettés à plus de 100%. «On fait face comme on peut, on fait des prêts de trésorerie, on puise dans nos réserves pour ceux qui en ont encore, et on s'endette encore», explique-t-il.
Les représentants des producteurs réclament un prix plancher de 1,30 euro, mais estiment que seul un prix d'au moins 1,50 euro leur permettrait «de refaire surface» en épongeant leurs dettes et reconstituant leur trésorerie.
Pour l'heure, Paul Auffray confirme l'ampleur de la crise: «entre 10 et 20% des éleveurs pourraient arrêter dans les prochains mois, on n'a pas de capacités de résistance infinie».
«Depuis 2007, un producteur moyen perd 10 euros par porc, soit 50.000 euros par an», a expliqué Jean-Pierre Joly, directeur du marché du porc breton, à Plérin (Côtes d'Armor).
La profession, habituée à des crises cycliques, est désemparée face à de nouvelles tendances du marché.
«Auparavant, quand la production baissait, les prix augmentaient», a commenté le directeur du MPB. «Depuis début 2009, la production s'est contractée de 3 à 4% en Europe et Amérique du Nord, mais cette baisse est neutralisée par un repli de la demande, c'est la première fois en trente ans que je vois ça».
Les ventes vers des pays traditionnellement importateurs comme l'Europe de l'Est et la Russie ont notamment fortement diminué, à cause d'une baisse du pouvoir d'achat et de la concurrence accrue des Etats-Unis, du Canada et du Brésil.
La baisse des prix du porc ne menace pas que les producteurs. Pour Hervé Vasseur, président de l'Association des fabricants d'aliments du bétail de l'Ouest (Afab), «toute la filière souffre, les fabricants d'aliments, les abattoirs, les entreprises de transformation».
L'Afab a constaté une baisse de 7% des ventes en volume sur les sept premiers mois de 2009 par rapport à la même période en 2008, selon Hervé Vasseur, qui note que «les grands groupes à capitaux privés n'investissent plus dans notre filière».