Des agriculteurs poursuivaient mardi le blocage de plates-formes de la grande distribution pour dénoncer leurs marges, mais certains d'entre eux étaient contraints de quitter les lieux, après des référés déposés par les distributeurs, notamment dans le Finistère et dans la Sarthe.
Près de 300 agriculteurs ont cessé de bloquer mardi midi la Scarmor, plate-forme d'approvisionnement Leclerc à la périphérie de Brest, paralysée depuis dimanche soir, après une ordonnance rendue par le tribunal de Brest. La FNSEA du Finistère a précisé qu'elle allait continuer les actions.
Lundi, la FNSEA, et les Jeunes Agriculteurs ont appelé à un mouvement national de protestation qui débutera dans la nuit de jeudi à vendredi mais qui a déjà débuté dans l'Ouest depuis dimanche soir.
Dans la Sarthe, faisant suite à un référé sous peine de sanction de 10.000 euros par heure de blocage, certains agriculteurs ont quitté la plate-forme de la Socamaine (Leclerc) à Champagné pour se diriger vers un autre centre au Mans (Carrefour Market). D'autres agriculteurs, venant de la Mayenne et non visés par le référé, sont restés sur place, selon la FDSEA.
Dans l'Ille-et-Vilaine, les agriculteurs qui ont vidé dans la nuit les parkings de plusieurs supermarchés de tous leurs caddies les ont amoncelés à Bain-de-Bretagne, devant l'une des deux plates-formes encore bloquées.
Ils ont en revanche quitté le troisième site occupé depuis dimanche soir, celle du Grand-Fougeray (Intermarché), selon les gendarmes.
Dans le Morbihan, des agriculteurs occupaient une plate-forme à Saint-Gérand. Un référé a aussi été déposé pour en demander l'évacuation, selon les gendarmes.
Dans les Côtes-d'Armor, une base Intermarché à Rostrenen et une base Lidl près de Guingamp étaient elles aussi toujours paralysées mardi, de même que dans la Loire-Atlantique la plate-forme Lidl de Sautron. Une manifestation des producteurs de lait est attendue mercredi à 10h30 à Nantes.
« Nous voulons que l'observatoire des prix se mette en place et qu'on arrête de nous presser comme des citrons », a déclaré mardi Laurent Kerlir, président de la FRSEA Bretagne, déplorant l'arrêt des négociations sur les prix entre syndicats, transformateurs, distributeurs et parlementaires, entamées en novembre 2008 dans la région.
Mais depuis, raconte Laurent Kerlir, notamment dans la filière du porc en crise depuis plusieurs mois, « les abatteurs, sous la pression de la grande distribution, ne sont pas venus à la deuxième réunion, ni à la troisième à laquelle la grande distribution ne s'est pas rendue non plus ».
Mardi, le groupement des Mousquetaires (Intermarché) s'est dit prêt à la transparence sur les prix et les marges, selon Eric Mozas, président des enseignes alimentaires du groupement.
Laurent Kerlir a d'autre part expliqué mardi que les laitiers venaient d'apprendre que l'entreprise Entremont, qui collecte un tiers du lait produit en Bretagne, ne pourrait pas respecter l'accord sur la prix du lait obtenu la semaine dernière, compte tenu de « ses problèmes de trésorerie ». Selon cet accord, Entremont fait partie des entreprises déjà censées payer le prix minimum à leurs producteurs, à savoir 262 € pour 1.000 l.
Dans la Manche, des producteurs de lait et de porc bloquaient mardi matin les accès au chantier de l'EPR et à la centrale nucléaire EDF de Flamanville situés sur le même site. La production d'électricité n'a pas été perturbée, et au total des centaines de travailleurs n'ont pu accéder au site.
Dans le Puy-de-Dôme, les producteurs de lait se préparaient mardi à bloquer deux plates-formes de la grande distribution à Moulins (Allier) dès mercredi. Selon Bruno Chaput, secrétaire général de l'UDSEA, les plates-formes devraient être bloquées « au moins jusqu'à vendredi ».
Les agriculteurs du Puy-de-Dôme devancent ainsi l'appel lancé par la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) à un mouvement de protestation qui devait débuter dans la nuit de jeudi à vendredi pour dénoncer les marges des grands distributeurs.