Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, a réagi, lundi soir dans un communiqué, aux déclarations faites par Ségolène Royal lors de sa visite au Salon international de l'agriculture.
L'ancienne candidate à la présidence de la République a réclamé une «réforme en profondeur» de la Pac, demandant une «répartition urgente, plus juste» des aides au profit des éleveurs.
«Il faut une réforme en profondeur de la politique agricole commune pour que les primes d'aides à l'agriculture ne soient pas concentrées sur ceux qui gagnent les plus hauts revenus – les céréaliers irrigants et les gros propriétaires irrigants – mais qu'elles aillent aux éleveurs, c'est-à-dire à ceux qui ont le plus de difficultés», a jugé Ségolène Royal.
«Il y a trop d'inégalités entre les éleveurs d'un côté, les céréaliers de l'autre», a-t-elle dénoncé, affirmant que 20% des «agriculteurs les plus riches» percevaient «70% des aides». «Avec la hausse des prix des céréales, des céréaliers, les gros céréaliers aujourd'hui recueillent des revenus supplémentaires payés par les consommateurs qui souffrent énormément, eux, de la hausse des prix», a-t-elle dit.
«S'il n'y a pas une réforme extrêmement rapide et d'abord en France, d'une plus juste répartition des aides à l'agriculture, tous les élevages sont menacés», a-t-elle indiqué.
Michel Barnier «enregistre avec satisfaction l'engagement de Mme Royal en faveur d'une réforme en profondeur de la Pac. Sa conviction rejoint les orientations fixées par le président de la République, Nicolas Sarkozy, dès le mois de septembre dernier à Rennes, en faveur d'une refondation de la Pac», indique le communiqué du ministère de l'Agriculture.
Le président de la République a ainsi précisé samedi au Salon de l'agriculture que la France engagera sous présidence française, une véritable discussion avec chacun de nos partenaires européens «avec le double objectif d’une meilleure gestion des risques climatiques, sanitaires et économiques et du maintien de l’activité de production dans les territoires fragiles».
Michel Barnier considère cependant, «à la différence de Mme Royal, que cette refondation de la Pac, déjà préparée dans le "Bilan de santé" qui s'appliquera dès 2009, doit apporter des solutions en traitant les causes des difficultés actuelles».
«Il est, en effet, de plus en plus nécessaire de créer de nouveaux outils dans la Pac pour gérer les crises climatiques et sanitaires et compenser leurs conséquences économiques. De même, il est indispensable de préparer de nouveaux mécanismes pour tenir compte de la fluctuation croissante du prix des matières premières agricoles», détaille le communiqué du ministère.
Par ailleurs, «le maintien d'activités de productions agricoles dans certaines zones fragiles (zones de montagne, zones rurales en déprise, etc.…) ou pour certains modes productions plus coûteux (agriculture biologique) requiert une réorientation adaptée des outils communautaires».
«Plutôt que dans la seule voie privilégiée par Madame Royal, celle de répartir différemment les aides entre agriculteurs et d'aider d'avantage certaines catégories au détriment des autres, c'est d'abord autour de ces solutions répondant aux nouveaux défis de l'agriculture que doit se structurer la refondation de la Pac», explique le ministre de l'Agriculture.