Quelque 200 agriculteurs du Tarn et du Tarn-et-Garonne, majoritairement tarn-et-garonnais, ont lancé jeudi matin des actions contre le blocage du projet de barrage de Sivens, a-t-on appris auprès de la gendarmerie.
La manifestation est partie de Saint-Nauphary (82), à moins d'une quarantaine de kilomètres de Sivens, jusqu'à Mongaillard (81), où ils ont jeté du lisier avant de repartir déjeuner à Saint-Nauphary. Sur leurs tracteurs, des banderoles affichaient : « Ségo girouette, zadiste djihadiste, paysans en colère ». Ils sont ensuite repartis vers Sivens avec la ferme intention d'arriver vers 15h00 à la maison forestière pour y chanter la Marseillaise face aux quelque 60 à 100 zadistes qui se sont installés sur le site, selon la même source.
Le lieutenant-colonel Renier, commandant du groupement de gendarmerie du Tarn, a précisé à l'AFP que les manifestants « n'auront pas le droit d'accéder à la maison forestière du fait d'un arrêté du conseil général qui en interdit l'accès ». « De plus, notre mission est de sécuriser et d'éviter tout affrontement direct » entre les deux parties, a-t-il ajouté. Sur place, un renforcement de « 250 gendarmes : 3 escadrons de gendarmes mobiles et une cinquantaine de gendarmes départementaux » devaient maintenir la sécurité, a-t-il indiqué.
Le projet a été suspendu peu après la mort, le 26 octobre dernier, de l'écologiste Rémi Fraisse, tué au cours d'affrontements sur le site par une grenade offensive lancée par les gendarmes.
Le projet de retenue d'eau, d'une capacité de 1,5 million de mètres cubes sur une emprise totale de 48 hectares, oppose depuis des années les écologistes au maître d'ouvrage, le conseil général du Tarn. Celui-ci fait valoir que la retenue est nécessaire à l'alimentation en eau des agriculteurs locaux et que le projet a été voté par 43 des 46 conseillers généraux.
Cependant, la Commission européenne, qui devait soutenir le projet financièrement, a annoncé le 26 novembre dernier l'ouverture d'une procédure d'infraction contre la France pour non-respect de la législation européenne, concernant notamment les risques de « détérioration de l'état écologique de la masse d'eau » que le projet risque d'entraîner.