Deux offres d'emploi par candidat. Voilà bien une statistique surprenante à l'heure où le chômage monte en flèche. C'est pourtant la réalité de l'emploi agricole de l'Eure-et-Loir: l'offre dépasse la demande. Et le déficit ne se limite pas aux saisonniers, il concerne aussi les salariés permanents.
Pour attirer davantage de candidats, l'ASAVPA (Association de salariés agricoles pour la vulgarisation du progrès agricole) organise depuis six ans des interventions de salariés et d'employeurs dans les lycées agricoles du département.
Cette année, le binôme qui s'est exprimé au lycée de La Saussaye (Chartres), a constaté un changement dans les mentalités. «D'habitude 10% seulement des élèves souhaitent devenir salarié agricole, cette année 90% ont cette intention», se réjouit Sylvain Esnard, salarié d'un groupement d'employeurs et trésorier de l'ASAVPA 28. Selon lui, le salarié agricole commence à perdre sa mauvaise image de «benêt du village» pour endosser celle d'un véritable coéquipier.
«Mon principal employeur travaille en agriculture de précision, j'ai acquis les compétences informatiques pour savoir analyser les cartes de rendements et d'épandages variables», explique Sylvain Esnard.
Le statut de salarié apporte une certaine sécurité. «Nos contraintes administratives et réglementaires ne cessent d'augmenter et nos revenus de baisser, alors qu'un salarié a une paie régulière qui tombe tous les mois», souligne Claire Genova, agricultrice à Mondonville et gérante de deux groupements d'employeurs.
En polyculture-élevage, les salaires ne connaissent pas la crise. «Depuis cinq ans, les salaires ont régulièrement augmenté car les offres d'emploi sont largement supérieures aux demandes», précise Tony Métivier, du CFPPA (Centre de formation professionnelle et de promotion agricole) de La Saussaye.
L'an dernier, les douze adultes en certificat de qualification professionnelle (CQP) spécialisé en polyculture ont trouvé un emploi avant la fin de la formation, avec des salaires très convenables.