Ni sifflets ni huées : François Hollande a arpenté samedi les allées du Salon de l'agriculture dans un climat apaisé, même s'il n'a pu échapper aux interpellations d'éleveurs.
Installée jusqu'au 2 mars à la Porte de Versailles, la « plus grande ferme » de France présente cette année plus de 4.000 animaux. Elle avait reçu l'an passé près de 700.000 visiteurs.
Accueilli chaleureusement à 7h00 par un éleveur de Bergerac (Dordogne), qui lui a présenté une blonde d'Aquitaine, il a ensuite déambulé parmi les stands entouré d'un important dispositif de sécurité, dans un climat serein sans effusion ni hostilité, goûtant tour à tour bœuf, brochette d'agneau, charcuteries ou fromage.
A l'exception d'un « Hollande casse-toi ! » hurlé par une femme rapidement évacuée par le service d'ordre, aucun incident n'a perturbé la visite, qui s'est achevée en début d'après-midi.
« Tout le monde s'attendait à ce que ce soit le concours des sifflets, des huées, des difficultés et les journalistes sont tous surpris. [...] C'est un dialogue qui s'est installé », a raillé le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll, à la fin de la visite présidentielle.
Pour François Hollande, il s'agissait d'une « visite de travail », dont l'objet était de « prendre en compte les problèmes, de les régler » mais aussi de souligner « l'excellence » de ce secteur fortement exportateur et son « avenir » auprès des jeunes.
« Il y a une question du lait, qui doit être rémunéré à son prix, il y a les questions de simplification, et j'ai lancé, pour l'ensemble des filières agricoles le pacte de responsabilité », a-t-il énuméré.
« Je suis dans un état d'esprit positif », a confirmé à l'AFP Xavier Beulin, le président de la FNSEA. « Le climat est serein », a renchéri François Thabuis, président des Jeunes Agriculteurs (JA).
De fait, la FNSEA avait évacué les sujets qui fâchent lors des Etats-généraux de l'agriculture tenus vendredi pour interpeller les pouvoirs publics sur ses difficultés avec une revendication centrale : la simplification.
Les éleveurs néanmoins n'étaient pas tout à fait de cet avis.
« Vous avez soulevé beaucoup d'espoirs, mais on a l'impression qu'ils ne sont pas récompensés », a reproché à François Hollande Jean-Pierre Fleury, patron de la Fédération nationale bovine (FNB), évoquant la prime aux vaches allaitantes, point d'achoppement des négociations de la Pac.
Un éleveur des Pays de la Loire s'est lui agacé auprès du chef de l'Etat sur le lait : « Quand le prix du lait baisse en Allemagne, il baisse ici et quand il remonte en Allemagne il ne remonte pas en France ». « Stéphane, faut négocier, faut négocier », a répondu le président en se retournant vers Stéphane Le Foll.
« Sur le prix du lait, Stéphane il a déjà négocié, il n'attend pas », « je ne reste pas assis dans mon bureau », a plaisanté le ministre de l'Agriculture parlant de lui à la troisième personne.
François Hollande a finalement quitté le salon après une visite de sept heures. Il en avait passé dix l'an dernier, et une douzaine en 2012, en pleine campagne présidentielle.
« On arrête avec le concours, faut dépasser ça », a demandé Stéphane Le Foll, brocardant les vélléités des journalistes de jauger la durée du passage du chef de l'Etat à l'aune des marathons dont Jacques Chirac, le plus « fidèle » au Salon de tous ses prédécesseurs, était le spécialiste.