Le sarrasin, également appelé blé noir, bien qu'il ne soit pas une céréale, ingrédient de base de la galette bretonne, voit à son tour ses cours flamber en raison de mauvaises récoltes en France et en Russie, a expliqué, mardi, la profession.
« Nous faisons face à une hausse de 30 à 40 % des prix, que nous allons devoir répercuter progressivement », a indiqué le minotier Jean-Christophe Celbert, leader français, avec notamment la marque Treblec et membre de Blé noir tradition Bretagne, qui regroupe plus de 300 acteurs de la filière.
Estimé à environ 12.000 tonnes de graines par an, le marché français dépend à 70 % des importations, principalement chinoises, malgré un regain de cette culture traditionnelle, revenue en grâce notamment pour ses vertus diététiques.
« En France, la production a chuté de 20 % cette année en raison de mauvaises récoltes et parallèlement les cours internationaux ont pris un tour spéculatif et ont quasi doublé à la suite des feux et de la sécheresse cet été en Russie », pays producteur et consommateur majeur, a souligné Jean-Christophe Celbert.
« C'est du jamais vu en vingt ans », selon le minotier, qui a estimé que la hausse des coûts pouvait être mise à profit pour de nouvelles mises en culture en France. « La France peut prétendre à l'autosuffisance, il est illogique de faire venir des conteneurs de farine de la Chine », a-t-il estimé.
Les minotiers envisagent de s'engager à « une hausse de 10 % » des prix d'achat du blé noir français pour la prochaine récolte, en septembre 2011, de façon à encourager les mises en culture et permettre un « rééquilibrage du marché », a confié Jean-Christophe Celbert.
Cultivé sur sols réputés ingrats (acides et granitiques), le blé noir nécessite peu, voire pas d'engrais, mais offre des rendements plus aléatoires que le blé, le colza ou le maïs.
Maryse Le Merrer, qui tient deux crêperies renommées à Brest, a confirmé avoir été informée par son fournisseur d'une prochaine augmentation « énorme » des prix. Le kilogramme de farine de blé noir breton, qui lui est facturé 1,31 euro, pourrait ainsi approcher 1,70 euro.
La répercussion dans l'assiette devrait cependant être minime, la farine représentant moins de 5 % du prix d'une galette, selon la profession.