Les Etats-Unis et le Brésil, les deux plus importants producteurs d'éthanol, ont pris la défense des biocarburants au sommet de la FAO, mardi à Rome, affirmant qu'ils n'étaient pour rien dans l'aggravation de la crise alimentaire.
«Les biocarburants ne sont pas des bandits», a lancé le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, devant un parterre de chefs d'Etat divisés sur la responsabilité des biocarburants dans la flambée des prix de l'alimentation.
«Bien au contraire, s'ils sont produits de façon sérieuse ils peuvent devenir un outil important pour sortir les pays les plus pauvres de l'insécurité alimentaire», a-t-il ajouté.
L'éthanol à base de canne à sucre produit au Brésil est montré du doigt par certains comme étant l'un des responsables de la hausse du prix des aliments au niveau mondial, une accusation que le Brésil rejette catégoriquement.
«L'affirmation que la production d'éthanol se fait aux dépens de la production alimentaire n'a aucun fondement. Elle ne constitue pas une menace pour la forêt amazonienne et ne diminue pas l'offre de nourriture», a souligné Lula.
Pour le Brésil, c'est au contraire les subventions des grands pays à leur agriculture et les barrières douanières qui expliquent l'envolée actuelle des prix.
Le président Lula a reçu l'appui des Etats-Unis.
Le secrétaire d'Etat américain à l'Agriculture, Ed Schafer, a estimé devant les participants au sommet que les biocarburants n'avaient pas un «impact important sur les prix» alimentaires.
«On a exprimé beaucoup d'inquiétudes sur l'impact des biocarburants sur la sécurité alimentaire. Mais l'augmentation de la production de biocarburants n'est qu'un des facteurs de la hausse des prix», a-t-il déclaré.
«L'utilisation des biocarburants durables peut accroître la sécurité énergétique, favoriser le développement économique, en particulier dans les régions rurales, et réduire la production de gaz à effet de serre sans avoir un impact important sur les prix alimentaires», a-t-il plaidé.
Le rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, Olivier de Schutter, a récemment demandé le gel des investissements et des subventions en faveur de la production de biocarburants, estimant qu'ils étaient «un facteur de poids» dans la forte hausse des cours.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a quant à lui estimé mercredi au sommet de la FAO qu'il fallait plus de «recherche et d'analyse» sur les biocarburants, en particulier afin de comprendre quel est leur impact sur la flambée des prix des denrées alimentaires.
«Nous avons besoin d'augmenter la recherche et l'analyse sur la question des biocarburants, qui sont un des facteurs de la crise alimentaire, mais il faut déterminer quel est leur impact exact sur les prix», a déclaré Ban Ki-moon lors d'une conférence de presse.
«Il faut de façon urgente un consensus international sur les biocarburants, avec des lignes de conduite, des mesures commerciales, et plus de recherche», a-t-il souligné.
Nicolas Sarkozy, mardi à Rome, a plaidé de son côté en faveur du «développement des biocarburants de deuxième génération», qui «permettront, sur la même surface agricole, de produire cinq fois plus» de ces produits. Ainsi, «on réservera le maximum d'hectares à la production agricole», a-t-il affirmé.