Développer « l'agroécologie » peut permettre d'améliorer les rendements dans les régions les plus pauvres tout en étant plus adaptée au changement climatique, estime un rapport de l'ONU publié mardi.
« La science dit aujourd'hui que les méthodes agroécologiques sont meilleures que l'utilisation d'engrais chimiques pour accroître la production agricole dans les régions où sévit la faim », affirme Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation et auteur du rapport.
« A ce jour, les projets agroécologiques ont montré une augmentation moyenne des rendements de 80 % dans 57 pays en développement, avec une augmentation moyenne de 116 % pour tous les projets africains », affirme-t-il.
Le rapport présenté mardi au Haut-Commissariat aux droits de l'homme, à Genève, suggère que les petits agriculteurs, dans certaines régions du monde, pourraient doubler leur production d'ici à dix ans avec une telle méthode.
La perspective d'une planète comptant 9 milliards d'habitants d'ici à 2050 rend la question de l'accès à l'alimentation toujours plus brûlante.
« Nous ne sommes pas dans une situation où l'agriculture peut seulement consister à augmenter la production. Le sujet doit aussi être de limiter notre impact sur les écosystèmes (...) et d'augmenter les revenus des agriculteurs », estime Olivier De Schutter.
« L'agroécologie peut jouer un rôle central » pour atteindre cet objectif, écrit-il dans son rapport. « Les principes de base de l'agroécologie comprennent le recyclage des nutriments et de l'énergie dans l'exploitation, plutôt que l'introduction d'apports extérieurs; l'intégration des cultures et du bétail; la diversification des espèces et des ressources génétiques dans l'écosystème agricole dans le temps et l'espace ».
L'agroécologie applique « la science écologique à la conception de systèmes agricoles qui répondent aux défis climatiques, alimentaires et de pauvreté rurale. Cette approche améliore la productivité des sols et protège les cultures en s'appuyant sur l'environnement naturel comme certains arbres, plantes, animaux et insectes », précise un communiqué.
Expérimentées un peu partout dans le monde, ces pratiques offrent de meilleurs rendements tout en réduisant la pauvreté, en fournissant de l'emploi rural et en réduisant le coût des traitements, assure le rapport.
Au Malawi, par exemple, le gouvernement a lancé un programme visant à inciter les agriculteurs à planter dans leurs champs des arbres fixant l'azote pour assurer une croissance soutenue de la production de maïs.
Selon Olivier De Schutter, « les rendements ont déjà augmenté de 1 tonne par hectare à 2 à 3 t/ha avec de telles pratiques ».
L'agroécologie permet par ailleurs une meilleure adaptation au changement climatique, les terres supportant mieux les phénomènes de sécheresse ou d'inondations, ainsi qu'une réduction des émissions de gaz à effet de serre notamment car la gestion des sols permet un meilleur stockage du carbone.
L'agroécologie, si elle apparaît dans un premier temps judicieuse dans les pays en développement, gagne aussi du terrain dans les pays développés comme les Etats-Unis, l'Allemagne et la France, précise l'auteur.
Globalement, toutefois, la méthode « est encore insuffisamment appuyée par des politiques publiques ambitieuses et va donc rarement au-delà du stade expérimental », regrette Olivier de Schutter, qui appelle les Etats à faire plus de place à l'agroécologie dans leurs stratégies de développement.
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