Le financement de la recherche variétale sur le blé tendre était au centre de la table ronde organisée jeudi lors des deuxièmes rencontres scientifiques de restitution des travaux financés par le Fonds de soutien à l'obtention végétale en blé tendre (FSOV).
François Desprez, président de l'UFS (Union française des semenciers), a notamment demandé une réévaluation de la CVO (cotisation volontaire obligatoire) recherche blé tendre à 0,7 €/t au lieu de 0,5 €/t actuellement, prélevés sur la collecte.
Objectif pour la filière : « L'équité de financement de la recherche entre les semences certifiées et les semences de ferme. » En effet, depuis dix ans, la collecte des droits de licence perçus par la Sicasov sur les semences certifiées stagne autour des 25 millions d'euros. Le droit moyen de licence progresse (de 6,08 €/q en 2000/2001 à 8,05 €/q en 2009/2010) et les surfaces en blé tendre diminuent mais l'utilisation des semences fermières progresse.
« Le financement de la recherche est un élément lourd, trop lourd dans le prix de revient de la semence certifiée », estime François Desprez. La mise en place de l'accord interprofessionnel sur la CVO recherche a heureusement permis 25 % de financement supplémentaire. Au total, les ressources allouées aux obtenteurs se montent à 34,8 millions d'euros en 2009/2010 contre 28,7 en 2000/2001.
Les besoins de financement sont pourtant importants, avec notamment l'augmentation des dépenses liées aux biotechnologies. Mais les enjeux le sont aussi, comme l'a rappelé Thierry Ronsin, directeur de recherche adjoint de Limagrain : « Les rendements du blé en France stagnent, voire diminuent alors que ceux du maïs aux Etats-Unis continuent à augmenter. »
Or les efforts de recherche sur le blé tendre au niveau mondial sont dix fois inférieurs à ceux consentis sur le maïs. Les dépenses par hectare s'élèvent ainsi à 32 dollars pour le maïs mais seulement à 3,3 pour le blé dans le monde. La France est certes mieux lotie avec 7,8 dollars/ha dépensés pour les recherches, mais selon François Desprez, ce n'est pas encore suffisant pour maintenir la compétitivité du blé français. Pourtant, « nous avons besoin de produire pour se positionner sur les marchés mondiaux », estime Rémi Haquin, président du conseil spécialisé céréales de FranceAgriMer.
Depuis sa création en 2001, le FSOV a collecté 10 millions d'euros (15 % par an de la CVO), dont 8,5 ont déjà été attribués pour mener des recherches collectives sur le blé tendre. Une quarantaine de programmes ont été initiés sur des thématiques telles que l'amélioration de la qualité sanitaire et technologique, l'amélioration de la valorisation des intrants et des ressources naturelles comme l'eau ou encore l'amélioration des résistances aux bioagresseurs. Objectif : répondre notamment aux exigences du Grenelle de l'environnement. Le prochain appel à proposition sera lancé l'an prochain.
Pour la Coordination rurale (CR) et l'Organisation des producteurs de grains (OPG, branche spécialisée de la CR), la revalorisation de la CVO recherche est « une nouvelle façon d’alourdir les charges des agriculteurs ! » Les deux syndicats « s'opposent vigoureusement à cette proposition, qui une fois de plus, aura pour conséquence l'augmentation des charges des agriculteurs, au profit d'une filière dont l'objectif est de réduire l'usage des semences auto produites sur les fermes pour mieux les intégrer dans leur chaîne de profit ».
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dimanche 16 janvier 2011 - 12h47
Si les semences certifiées étaient moins chères nous les achéterions. Pour l'instant elles sont inabordables; les semenciers abusent.