Le Global Crop Diversity Trust (Fonds fiduciaire mondial pour la diversité des cultures) a annoncé le 10 décembre 2010 le lancement d'un vaste programme visant à collecter les cousins sauvages d'une vingtaine d'espèces alimentaires cultivées dans le monde.
Cette opération, prévue pour durer une dizaine d'années, est menée en partenariat avec le CGIAR (Groupe consultatif pour la recherche internationale en agriculture) et les Jardins botaniques royaux de Kew au Royaume-Uni. Le gouvernement norvégien finance le projet à hauteur de 50 millions de dollars.
Même si les espèces sauvages ne représentent qu'un faible pourcentage des semences détenues dans les banques de gènes, leur contribution à l'agriculture commerciale est estimée à plus de 100 milliards par an. Des caractères présents dans les espèces sauvages ont ainsi parfois été transmis aux variétés cultivées pour améliorer notamment leur résistance ou tolérance à des pathogènes.
Pour le ministre norvégien de l'Agriculture, Erik Solheim, « ce projet représente l'une des étapes les plus concrètes entreprises jusque-là pour assurer l'adaptation de l'agriculture et de l'humanité au changement climatique ». Il s'agit également d'une « course contre le temps en deux parties : la course pour s'adapter au changement climatique et la course pour collecter la biodiversité avant qu'elle ne soit perdue pour toujours. »
Le but n'est pas seulement de collecter et conserver, mais d'utiliser cette biodiversité. Ces espèces sauvages ne peuvent pas être utilisées aussitôt dans des programmes de sélection, compte tenu de toutes les caractéristiques indésirables qu'elles présentent. Mais l'objectif est de s'assurer que les semences collectées peuvent être croisées avec des lignées existantes pour voir si des caractères intéressants peuvent être effectivement introduits dans les plantes domestiques.
Cette biodiversité sera ensuite accessible à tous les sélectionneurs, partout dans le monde. Les échantillons seront conservés dans différents sites de par le monde, dont la banque mondiale de Svalbard (Norvège). Les informations génétiques seront partagées ouvertement.
L'enjeu semble particulièrement important pour les pays du Sud. Par exemple, le riz est sensible aux fortes températures à un stade crucial de sa floraison. « Avec le changement climatique, une augmentation de température de quelques degrés pourrait diminuer les rendements de riz de 30 à 40 %, illustre Cary Fowler, directeur exécutif du Global Crop Diversity Trust. Mais si nous pouvions seulement incorporer dans les variétés cultivées, le caractère lié à la floraison nocturne de certaines espèces sauvages, nous pourrions sauver des millions de tonnes de riz, et des milliers de vies. Le projet serait ainsi remboursé de nombreuses fois. »
Le Global Crop Diversity Trust a été fondé par la FAO et Bioversity International et agit pour le compte d'instituts internationaux de recherche agricole (CGIAR). Sa mission est d'assurer la conservation et la disponibilité de la diversité des espèces cultivées pour la sécurité alimentaire mondiale. Ses donateurs actuels sont des gouvernements de pays développés et en voie de développement, des fondations privées (dont celle de Bill Gates est la plus généreuse), des organisations du secteur public ou privé, des particuliers.