Près de 200 pays rassemblés à Cancún (Mexique) ont adopté, samedi, une série de mécanismes – encore embryonnaires – pour lutter contre le changement climatique.
Cet accord permet de tourner la page de l'immense déception de Copenhague, il y a un an. Les organisations écologistes estiment toutefois que les mesures adoptées sont beaucoup trop timides.
Le texte prévoit la création d'un Fonds vert pour aider les pays en développement à faire face au réchauffement et lance un mécanisme pour lutter contre la déforestation.
L'objectif de ce rendez-vous mexicain – aux ambitions modestes – était d'abord de redonner le souffle au processus de négociation, sous l'égide de l'ONU, fortement ébranlé par l'immense déception née du sommet de Copenhague. Mission accomplie, selon les délégations réunies en séance plénière pour adopter le texte.
Avec cet accord, « on sauve de la faillite le système multilatéral de négociations sur le changement climatique », a déclaré la ministre française de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet.
Le texte, adopté à l'issue de douze journées de négociations intenses et parfois tendues, « ouvre une nouvelle ère pour la coopération internationale sur le climat », a assuré la ministre mexicaine des Affaires étrangères, Patricia Espinosa, qui présidait les débats.
L'accord de Cancún est « un succès important dans un monde qui en a vraiment besoin », a estimé le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.
Le texte adopté permet d'inscrire dans le marbre de nombreux points de l'accord politique de Copenhague. Et surtout de le décliner de façon plus précise.
C'est en particulier le cas de l'objectif de limiter la hausse de la température moyenne de la planète à 2°C au-dessus des niveaux pré-industriels.
Le texte permet aussi de désamorcer, au moins temporairement, à la faveur d'une formule ambiguë, la « bombe » de l'avenir du protocole de Kyoto, seul traité juridiquement contraignant sur le climat existant à ce jour, qui faisait planer une menace sur l'issue des discussions à Cancún.
Un sujet qui ressurgira immanquablement au prochain grand rendez-vous sur le climat, à la fin de 2011 en Afrique du Sud.
Les pays développés ont promis à Copenhague de mobiliser 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Le Fonds vert, qui verra transiter une partie importante de ces fonds, aura un conseil d'administration avec représentation équitable entre pays développés et en développement.
Le texte pose par ailleurs les bases d'un mécanisme visant à réduire la déforestation à l'origine d'environ de 15 à 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Toutefois, le texte de Cancún n'apporte aucune nouveauté sur le niveau de réduction des émissions, jugé unanimement trop faible pour atteindre l'objectif des deux degrés.
Le Réseau action climat France a reconnu que l'accord de Cancún apporte quelques progrès, mais il estime qu'il est « bien loin des mesures impératives ».
« Alors qu'il était vital de sécuriser une deuxième période d'engagement du protocole de Kyoto, ici à Cancún, rien n'est acquis, s'inquiète Sébastien Blavier, du Réseau action climat. Aucun calendrier n'a été fixé pour renouveler les objectifs de réduction des pays industrialisés alors que le premier cycle d'engagements prend fin en 2012. »