Fils de paysan, éleveur lui-même, François Bayrou s'est présenté dimanche au Salon de l'agriculture comme le seul candidat à la présidentielle à comprendre de l'intérieur les problèmes des agriculteurs, dont il entend demain défendre la cause à l'Elysée.
« Les agriculteurs, ce n'est pas une clientèle électorale, c'est une pratique, une culture que je connais de l'intérieur. Il faut arrêter de prendre ces hommes et ces femmes simplement comme des bulletins de vote », a lancé le candidat du MoDem à son arrivée au parc des expositions de la Porte de Versailles.
L'enfant de Bordères (Pyrénées-Atlantiques), deuxième candidat après Nicolas Sarkozy à visiter la plus grande ferme de France, a tenu d'emblée à marquer sa différence avec ses concurrents qui « viennent une fois par an tâter le cul des vaches ». « Moi, c'est pas pour faire semblant. Quand les élections seront finies, je serai encore là », a-t-il assuré.
« L'agriculture j'y suis né, j'y ai passé toute ma vie et j'ai voulu rester chef d'exploitation », a raconté celui dont le tracteur était devenu le symbole de la campagne de 2007. « A l'âge de 20 ans, après le décès de mon père agriculteur, je me suis retrouvé à la tête d'une petite exploitation. Il y avait 17 vaches dont il fallait s'occuper. Je sais ce que c'est de faire naître des veaux, de semer, de faner. Je suis, dans le monde politique, le seul qui ait, non seulement des racines, mais une vie dans le monde agricole », a-t-il insisté.
Dans deux sondages réalisés à la veille du salon, François Bayrou arrive soit deuxième (18 % des intentions de vote, OpinionWay) soit troisième (16 %, Ifop) candidat préféré des exploitants agricoles au premier tour, loin derrière Nicolas Sarkozy (40 % dans les deux cas).
Entouré d'une nuée de caméras, le candidat centriste, accompagné de son collègue député des Pyrénées-Atlantiques Jean Lassalle, a eu bien du mal à se frayer un chemin entre les stands jusqu'au milieu de l'après-midi. Il a cependant pris le temps d'échanger quelques mots avec des éleveurs d'ovins et de bovins et sacrifié aux traditionnelles photos avec des enfants.
Interrogé sur son message aux agriculteurs, François Bayrou parle avant tout de « compréhension » alors que des contre-vérités peuvent être vécues comme « une offense ». « Ils vivent deux choses très blessantes. Quand on entend les pouvoirs publics dirent que le revenu agricole a été multiplié par trois ces dernières années, c'est peut-être vrai dans des secteurs privilégiés, mais en réalité, 90 % du tissu agricole français n'arrive pas à avoir le Smic », selon lui. En outre, « pendant des siècles et à juste titre, les agriculteurs se sont vécus comme les meilleurs alliés de l'environnement. Et aujourd'hui, on les présente comme des ennemis, c'est quelque chose qui les meurtrit », ajoute celui qui veut « réconcilier » ces deux mondes.
A long terme, le président du MoDem dit s'être fixé pour « ligne directrice » de rendre au monde agricole la possibilité de « vivre des prix des produits qu'il vend ». « Les agriculteurs ne perçoivent pas des aides mais des compensations », plaide-t-il. « C'est la politique qui a choisi que les produits agricoles soient vendus à bas prix pour que les consommateurs aient un pouvoir d'achat supérieur. Et donc, il y a la nécessité d'avoir une politique qui, à terme, fasse que la vérité des prix et des coûts soit le fondement du revenu agricole ». « Car, s'il y a bien un univers dont on est sûr qu'il sera crucial pour l'avenir, c'est évidemment le monde agricole parce qu'il va falloir nourrir l'humanité de 7 puis 9 milliards d'individus et seuls les paysans savent le faire », a-t-il conclu.