Mariann Fischer Boel, la commissaire européenne à l'Agriculture, a passé la journée du 25 février 2008 au Salon international de l'agriculture (SIA). Au coeur des discussions avec le ministre français de l'Agriculture, avec la presse, avec les organisations agricoles et les agriculteurs: le bilan de santé de la Pac. «Ce salon est une véritable occasion de savoir ce que pense les agriculteurs», a souligné la Commissaire.
Interrogée sur le discours prononcé par Nicolas Sarkozy samedi, elle a estimé que le chef de l'Etat français avait formulé des «propositions prometteuses en cohérence avec le bilan de santé de la Pac». «Nous devons avoir une Pac aussi simple que possible et encourager les agriculteurs à être des entrepreneurs, à travailler en fonction du marché», a-t-elle souligné. Pour mieux s'y préparer, elle propose notamment de conforter la formation initiale des agriculteurs par une formation aux métiers du commerce. Au souhait de Nicolas Sarkozy d'«une préférence communautaire renouvelée», Mariann Fischer Boel répond clairement que «l'intérêt de l'Union européenne n'est pas de fermer ses frontières. En revanche, elle doit veiller à la qualité des produits qu'elle importe sur son marché. Je ne transigerai pas avec la sécurité alimentaire».
Mariann Fischer Boel a également montré une divergence de vue avec la France concernant le financement de la Pac. Alors que Paris milite pour une réattribution des soutiens au sein du premier pilier de la Pac (aides au marché), la commissaire rappelle que pour faire face aux nouveaux défis, l'agriculture a besoin d'un budget de plus en plus important. Selon elle, le seul moyen d'y parvenir est de passer par le second pilier (développement rural), cofinancé par les Etats membres. Néanmoins, pour la première fois, elle a laissé entendre qu'un système de gestion de risque pourrait être financé par le premier pilier via l'article 69 remodelé (article du règlement européen 1782/2003 qui permet de prélever jusqu'à 10% des aides attribuées à un secteur pour les reverser sous une autre forme à ce même secteur). La discussion sera ouverte entre les Etats membres. Toutefois, elle précise que les dispositifs qui pourraient être créés devront assurer des risques liés aux aléas climatiques ou à des crises sanitaires, et pas à des pertes de revenu liées aux marchés.
Enfin, concernant l'OMC (Organisation mondiale du commerce), Mariann Fischer Boel a clairement mis en évidence le déséquilibre actuel des négociations. «L'agriculture est perdante», a-t-elle martelé. Pour autant, «ce n'est pas une négociation qui porte uniquement sur l'agriculture. Nous devons trouver un accord équilibré avec l'industrie ou les services, estime-t-elle. Nous savons déjà que nos aides nationales doivent entrer dans la boîte verte (ndlr: soutiens autorisés car non distorsifs de concurrence) et que nous devons diminuer les restitutions à l'exportation pour bénéficier d'un meilleur accès aux marchés des pays émergents. Dans l'UE, nous avons des marques réputées, des produits de qualité qui nous donnent un avantage, souligne-t-elle. Mais en contrepartie, il faut ouvrir nos marchés, même si cela doit créer une pression sur les prix dans certains secteurs.»
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