La filière du soja affiche des perspectives de développement prometteuses. Cette plante, associée généralement aux OGM et à l'agriculture industrielle, s'impose peu à peu comme une alternative pour relever le défi environnemental et alimentaire en France, grâce à ses différents avantages.
« A la vue des bons rendements attendus et le plan de production de semences en forte hausse, les surfaces vont encore progresser en 2015 », a estimé Pierre Jouffret, responsable de la région sud du Cetiom (Centre technique interprofessionnel des oléagineux et du chanvre) lors d'une conférence de presse le 18 septembre 2014. Aujourd'hui, 75.000 ha de soja sont cultivés dans bassin du sud-ouest et de l'est de la France. En 2013, ses surfaces atteignaient 43.000 ha. D'après Françoise Labalette, experte de la filière du soja de l'Onidol (Organisation nationale interprofessionnelle des graines et fruits oléagineux), « la filière vise 150.000 ha à 200.000 ha en 2020. « Tous les voyants sont au vert », avec notamment un marché porteur et une réglementation jugée favorable.
Pour des raisons historiques, la culture des protéagineux n'a pas été favorisée depuis les accords du Gatt et de la nouvelle Pac de 1992, mais cette plante connait aujourd'hui un regain d'intérêt pour plusieurs raisons.
Tout d'abord, sur le volet environnemental, elle assure une réduction des apports moyens en azote par rapport à une monoculture de maïs. En effet, une rotation soja-maïs-maïs par rapport à une monoculture de maïs permet une réduction de 40 % des apports d'azote, puisque le soja ne requiert pas de fertilisation azotée et le maïs suivant le soja ne requiert que 160 kg N/ha au lieu de 200.
En tant que plante fixatrice d'azote, le bilan des émissions de gaz à effet de serre est aussi amélioré. Des expérimentations sur cinq exploitations dans le Sud-Ouest, ont montré que 10 % de soja en plus dans l'assolement engendre une réduction de 8 % des gaz à effet de serre. Le soja nécessite cependant d'être irrigué dans le Sud-Ouest mais consomme 30 à 50 mm d'eau de moins que le maïs. En outre, il dispose d'une bonne résistance aux maladies et ravageurs ; le désherbage reste le point délicat avec deux passages en moyenne de herse-étrille et deux passages de bineuse.
Ainsi, le soja est adaptée à l'agriculture biologique ; environ un tiers des surfaces cultivées sont cultivées en agriculture biologique, notamment pour le débouché alimentation humaine.
Le soja répond donc aux nouvelles attentes des consommateurs (AB, non OGM) et à un approvisionnement local. « Il constitue finalement une alternative pour réintégrer les protéines végétales dans notre alimentation et restreindre notre consommation de protéines animales, notamment carnée », a déclaré Jean Louis Rastoin, professeur émérite à Montpellier SupAgro.