En Argentine, l'avancée du soja semble imparable. Ni la sécheresse récente, ni les taxes prohibitives appliquées par le gouvernement ne freinent sa progression dans la SAU du pays. Tandis que les soles de blé et de maïs reculent fortement dans la région pampéenne et que le cheptel bovin trouve refuge dans les zones semi-arides, une fois de plus, cette année, l'oléoprotéagineux s'impose aux producteurs comme une évidence. Moins cher à produire et rustique, bien coté, le soja a tout pour les séduire.
Les semis ont démarré la semaine dernière au nord de Buenos Aires, au sud de Córdoba et de Santa Fé, après des précipitations régulières qui ont mis fin à la sécheresse dans cette région. Pour la campagne 2009-2010, la bourse aux céréales de Buenos Aires prévoit que les producteurs sèmeront 19 millions d'hectares de soja. Sauf accident climatique majeur, les rendements moyens devraient être à la hauteur de leurs espérances, autour de 2,7 t/ha. La récolte nationale devrait donc être supérieure à 51 millions de tonnes, comme l'annonce le département américain à l'agriculture.
«Cela fait deux ans que nous avons rompu notre assolement triennal, avoue Martín Tressens, jeune agronome en charge de 150 hectares à Capitán Sarmiento, au nord de Buenos Aires. Jusqu'en 2008, nous faisions du soja, du maïs, puis du blé suivi d'un soja de deuxième culture, soit deux graminées en trois ans. En semis direct, ce système est durable. La marge brute de ces trois options est similaire, mais le coût d'un soja est la moitié de celui d'un maïs. Or, la sécheresse a causé de mauvais rendements et laissé beaucoup de producteurs sans les ressources nécessaires pour investir sur le long terme», explique-t-il.
Le fait que les deux tiers des surfaces cultivées en Argentine soient consacrés à une seule culture inquiète certains experts. Ces derniers évoquent la baisse du rendement potentiel en soja et un risque d'érosion des sols accru. Comparé au sorgho ou au maïs, le soja apporte en effet peu de résidus organiques. Or, ces résidus laissés en place après la récolte sont nécessaires aux systèmes de production en semis direct, aujourd'hui majoritaires en Argentine.
