Poursuivant le mouvement engagé depuis plusieurs semaines, les cours du sucre sont parvenus jeudi à des niveaux qui n'avaient pas été vus depuis trois ans, à Londres et à New York.
Pour retrouver un prix de 492,50 livres sterling la tonne, atteints cette semaine à Londres, il faut remonter au 7 juillet 2006 (contrat pour livraison octobre). De la même manière, des prix de 18,86 cents la livre n'avaient pas été enregistrés à New York depuis février 2006.
«Le prix du sucre s'est envolé à un plus haut depuis trois ans, mouvement déclenché par les spéculations sur le fait que l'Inde reste un importateur net de sucre cette année», analyse Eugen Weinberg, de Dresden Kleinwort.
Bajaj, l'un des plus gros producteurs indiens, prévoit un doublement des importations pour la saison de 2009-2010, portant ces volumes à 4 millions de tonnes. En raison notamment d'une mousson pas assez pluvieuse, l'Inde (deuxième producteur mondial derrière le Brésil) prévoit en effet un repli de sa production de 40% cette année. Le pays reste dans le même temps le premier consommateur mondial, devant les Etats-Unis, avec une consommation estimée entre 23 et 24 millions de tonnes.
Les analystes s'attendent à un marché du sucre déficitaire pour cette année, la production devant subir une chute record. Cette situation devrait encore perdurer l'année suivante d'après la maison de courtage Czarnikow. Ce déficit est évalué à 7,8 millions de tonnes sur l'année par l'Organisation internationale du sucre, à 9 millions de tonnes par d'autres experts.
Eugen Weinberg n'exclut pas «que les prix dépassent 20 cents la livre, avec le phénomène climatique El Nino qui pourrait faire chuter la production brésilienne».